593  à M. Caille

Nouvelles des frères et mouvement des Œuvres. Les concessions favorisent la vie fraternelle. Rapport d'ensemble sur la Communauté.

Vaugirard, 28 janvier 1859

Bien cher ami et fils en N.S.,

J'ai reçu l'envoi qui m'a été fait par vous de la pièce de drap zéphyr que vous avez bien voulu faire venir de Sedan; je n'ai point encore fait l'ouverture du paquet, mais les indications de la lettre d'envoi me font penser que nous serons satisfaits de cet achat. Je vous remercie des soins obligeants que vous avez pris pour cet objet; ils nous auront été très utiles, car nous n'aurions pu sans vous faire notre choix sûrement.

Je souhaite bien que la santé de notre f. Henry [Guillot] se fortifie; je me repose pleinement sur vous de tout ce qui pourra y contribuer; si le changement d'air était jugé nécessaire, nous y aviserions. J'espère aussi que nos frères arriveront à s'entendre pour les détails de la surveillance, il me semble que, s'ils se concertent de temps en temps avec vous et s'ils ont le bon esprit de se faire des deux parts quelques concessions, ils arriveront à quelque bon résultat.

Nous allons mieux ici; M. Myionnet commence à marcher sans béquilles, mais il ne peut faire aucune course hors de la maison; M. Lantiez est tout à fait remis. notre nouveau f. ecclésiastique, M. Leleu, prend très bien sa position parmi nous; un nouveau f. laïc, le f. Charles [Petit], semble aussi s'asseoir peu à peu; nous avons aussi un jeune frère tailleur qui nous donne bonne espérance, il est très habile dans son état; je ne sais pas encore bien s'il s'accoutumera à notre genre de vie. M. Leleu est attaché au patronage de M. Tourniquet qui est bien heureux de cet appui.

Je vous envoie une petite série de questions sur votre maison. Si vous y pouviez répondre, au moins dans les choses qui s'appliquent réellement à votre œuvre, je trouverais ainsi des éléments pour le petit rapport d'ensemble que je désirerais faire sur la communauté et la situation de ses œuvres.

J'ai fait le même envoi à M. Halluin, à Nazareth et à Grenelle.

Chaque fois que je vous écris, je suis bien décidé à faire une petite lettre pour nos frères et j'en suis toujours empêché par mille soins divers; j'ai le même regret aujourd'hui, mais je trouverai enfin quelques moments bien prochainement.

29 janvier. J'oubliais de vous dire qu'il me semblerait bien que la traite pour le drap fût faite sur la maison de Vaugirard et non sur vous, puisque cette marche est plus directe et plus simple; ayez, je vous prie, la bonté d'en avertir le marchand, M. Jules Varinet, à Sedan; je me tiendrai prêt à payer à l'époque indiquée.

Adieu, mon bien bon ami, nous fêtons aujourd'hui S^t François de Sales, nous le prions beaucoup pour vous et pour votre maison; je vous recommande aussi tous les jours à N.D. de la Salette dont le petit sanctuaire, presque achevé, est pour nous un lieu de recueillement et de repos spirituel.

J'embrasse affectueusement vous et nos frères et suis en J. et M.

Votre ami et Père

Le Prevost