596  à MM. Marcaire et Guillot

MLP. se réjouit de la bonne entente qui règne entre eux. Il rend grâce pour leur zèle. Prière et humilité agréées par Dieu. Présence divine au cœur de leurs efforts.

Vaugirard, 16 février 1859

Bien chers enfants en N.S.,

Il y a si longtemps que je ne vous ai écrit que vous aurez mis de côté tout souvenir de votre vieil ami, si vous n'avez écouté que la stricte justice; mais, comme la charité l'emporte sur tout chez nous, j'espère encore que vous recevrez avec bon vouloir ces quelques lignes toutes tardives qu'elles soient. Vous m'avez écrit, chers et bien-aimés enfants, de douces petites lettres qui ont produit tout leur effet puisque vous souhaitiez qu'elles me fussent agréables et m'assurassent de vos affectueux sentiments pour moi et pour toute notre petite famille. Nous vous rendions bien ici la pareille par le cœur et aux pieds du Seigneur surtout, à qui nous remettions le soin de répandre sur vous tous les biens que nous vous souhaitions. J'apprends avec joie que nos vœux n'ont pas été stériles, que la grâce d'en haut ne vous a pas manqué, que la paix règne dans vos âmes et le bon accord dans tous vos rapports. Que le divin Maître en soit béni! Qu'il soit remercié aussi du secours qu'Il vous donne visiblement dans vos travaux puisque, à travers vos difficultés et l'insuffisance ordinaire de vos forces, vous obtenez néanmoins d'heureux fruits; c'est que la prière et l'humble aveu de notre faiblesse trouvent toujours grâce devant le Seigneur, qui vient alors dans sa miséricorde à notre secours. Humilions-nous donc toujours, chers amis, et, si notre impuissance, nos succès trop imparfaits, nos défaillances même ont cet effet de nous abaisser à nos propres yeux et de mettre tout notre recours en Dieu, ne nous affligeons pas de l'imperfection de nos travaux, des ténèbres de notre pauvre esprit, des inconsistances de notre cœur; si tout cela nous abaisse, tout cela est de Dieu, c'est un don, qu'Il en soit à jamais béni. C'est ainsi, chers enfants, que vous vous consolerez dans vos peines, vous y reconnaîtrez la croix et, à son aspect, vous retrouverez l'assurance et le repos de vos âmes. Je dis ces choses, chers amis, en regardant votre petite maison, car la vérité de cette pensée s'y réalise bien; vous ne pouvez suffire à rien, tout ce que vous exécutez ne réalise jamais que la moitié de vos vues, vos exercices sont brisés, vos communications et conseils toujours hâtifs et trop courts, et pourtant vous restez sur pied, constants dans votre vocation, appliqués avec courage à vos œuvres et sincèrement dévoués au service de Dieu; vous n'êtes pas seuls évidemment, Il est auprès de vous, Il opère en vous et met sa force en aide à vos humbles efforts. Oh! encore une fois, qu'Il en soit béni, et puisse-t-Il ainsi toujours vous garder dans sa miséricorde et dans son amour!

Je vous embrasse, chers amis, bien tendrement et suis en J. et M.

Votre ami et Père

Le Prevost