La vie religieuse implique le détachement vis-à-vis de sa
famille. Travailler à devenir de vrais et fidèles serviteurs
du Seigneur. Les Œuvres ont grand besoin d'être soutenues.
Vaugirard, 24
mars 1859
Cher Monsieur l'abbé et fils en N.S.,
Les occupations et dérangements se succèdent les uns aux
autres m'ont amené à la fin du jour sans que j'aie pu, comme je le voulais,
vous écrire quelques lignes, et maintenant la lassitude ferme mes yeux et me
laisse à peine un reste d'attention à ce que je fais. Le f. Vasseur nous quitte
demain assez matin, content de son voyage qui l'a un peu reposé et distrait,
sans peut-être avoir d'autre avantage bien précis. Mais il est bien disposé à
reprendre auprès de vous son service avec ardeur et à vous seconder de tout son
cœur. J'espère qu'il continuera à vous donner satisfaction. Nous verrons avec
plaisir, après lui, le f. Thuillier pour la retraite.
Je crois qu'eu égard à l'état maladif de la mère du f.
Jean [Maury] et aux arrangements de famille qu'elle désire régler avant sa
mort, il serait à propos de lui laisser une semaine ou un peu plus, comme une
douzaine de jours, dans le cours de l'été, pour aller la voir. Il me paraîtrait
bon toutefois qu'il lui écrivît avant pour lui faire remarquer qu'on sort bien
rarement de sa communauté, quand on s'est donné au service de Dieu, qu'elle
ferait donc sagement d'examiner s'il ne serait pas mieux d'ajourner ce voyage à
un temps plus éloigné, parce qu'une fois fait, il ne pourrait se renouveler de
longtemps.
Tout va autour de nous comme de coutume; les dispositions
de tous sont, en ensemble, favorables et satisfaisantes; nous espérons une
bonne retraite et nous la recommandons à vos prières. Si nos cœurs s'unissent
bien à Dieu, nous deviendrons plus forts pour solliciter et obtenir ses grâces.
Il nous manque bien des choses encore pour être de vrais et fidèles
serviteurs du Seigneur. Il nous manque aussi bien des moyens pour soutenir nos
œuvres; la vôtre, en particulier, a des besoins que je sens. Nous travaillerons
cordialement à y donner satisfaction, mais, sans la grâce, que pourrons-nous?
Adieu, cher Monsieur l'abbé, tous vous embrassent ici,
comme moi, avec respect et tendre affection.
Votre ami et Père
Le Prevost
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