Projet de voyage à Amiens et à Arras. Demande de
nouvelles. MLP. est dans l'embarras par le manque de personnel. Agrandissements de l'orphelinat de Vaugirard.
Vaugirard, 25
juin 1859
Mon bien bon ami et fils en N.S.,
La première communion de nos enfants s'est faite il y a
quinze jours, et la confirmation a eu
lieu mercredi dernier; je vais donc être un peu plus libre et j'espère que je
pourrai vous aller voir prochainement. Si rien ne s'y oppose, je pourrais
partir après l'Octave de la
Fête-Dieu, dans la première huitaine de juillet; il arrive
pourtant si souvent que j'aie des dérangements pour une affaire ou une autre
que je ne saurais préciser absolument le moment de mon départ. Si les chaleurs
devenaient trop grandes pour ma chétive santé, je prierais M. Myionnet de me
remplacer; je pense que M. l'abbé Faÿ, qui n'a point encore vu votre
maison, pourra faire aussi ce petit voyage; je ferai en même temps
une petite apparition à Arras; si c'est moi qui dois faire cette petite
tournée, elle sera courte, car je ne m'absente guère longtemps de la maison.
Je ne reçois guère de nouvelles de nos frères, le f.
Jules [Marcaire], en particulier, ne m'a pas écrit une seule fois depuis son
retour de la retraite, c'est-à-dire depuis deux mois; invitez-le à nous
négliger un peu moins, il est bien essentiel en communauté de ne pas laisser
s'affaiblir les liens de l'affection réciproque; il peut arriver parfois que je
tarde un peu à répondre, mais c'est que, tandis que chacun n'écrit guère qu'à
moi seul, j'ai pour moi à écrire à tous et à suivre le mouvement général de la Communauté.
Tout va bien ici, nos frères sont, en ensemble, en bonne
disposition. Je vous ai dit, je crois, que le bon abbé Leleu n'avait pas pu
persévérer, ayant trouvé la vie de communauté au-dessus de ses forces ou mal
appliquée à ses dispositions. La conscription nous enlève le jeune Verdier qui
part mercredi comme soldat du 5e Régiment de ligne, en ce moment à
Tours; il est bien disposé et j'espère qu'il restera fidèle à Dieu dans cette
nouvelle condition. Nous avons dû donner le jeune Ernest Vasseur à Nazareth
pour aider à l'œuvre des jeunes ouvriers qui était trop dépourvue pour beaucoup
de soins de détail. Il suit de tous ces arrangements que nous sommes un peu
serrés maintenant ici par les charges nombreuses de la maison. Heureusement, en
été, on peut mieux s'en tirer. Pour comble de préoccupations, nous faisons un
bâtiment assez considérable pour établir plus convenablement plusieurs services
de l'orphelinat. Priez bien le bon Dieu, mon bon ami, afin qu'avec son secours
nous subvenions à tout et que, par-dessus toutes choses, nous ne négligions pas
le plus essentiel, le spirituel, auquel tout doit être chez nous rapporté et sacrifié
quand il le faut.
Assurez nos frères de ma tendre affection et des bons
souvenirs de tous; recevez vous-même, mon bon ami, mes plus dévoués sentiments
en J. et M.
Votre ami et Père
Le Prevost
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