Décès du père de Victor Pavie. MLP. lui apprend la mort
de sa femme.
Vaugirard, 6
novembre 1859
Mon bien bon ami,
Il a plu à la
divine Providence que nous fussions frappés tous les deux
ensemble: quelques minutes avant la réception de votre lettre, je recevais de
Lyon une dépêche télégraphique qui m'annonçait que Mme Le Prevost
était décédée hier à 2h. chez les amis dévoués près desquels elle résidait le
plus habituellement305; vous prierez donc pour elle, comme je prierai
pour votre bon père et vous partagerez ma peine comme je partage la vôtre.
Je sens bien, cher ami, toute l'étendue de votre
affliction, je sais par une douloureuse ex-périence que l'âge ne change rien
aux choses et qu'on ne devient pas orphelin sans que le cœur soit brisé dans
ses plus doux souvenirs, dans ses plus pures et ses plus tendres
affections. Cette peine commune à tous vous devient comme particulière à vous
qui gardez si chèrement et cultivez si religieusement tous les sentiments
permis et bénis de Dieu. Mais par là même, cher ami, vous goûterez mieux qu'un
autre la consolation, la paix intime que laisse le spectacle d'une mort
chrétienne. Votre père s'est endormi dans le Seigneur, pleurez-le mais qu'une
sainte confiance, qu'une sainte espérance tourne vos yeux vers ce repos bien
heureux auquel nous aspirons tous.
Je n'ai point de mon côté encore de détail sur la fin de
l'amie que j'ai perdue; tout me laisse espérer qu'elle a été aussi douce et
chrétienne. Depuis quelques années, Mme Le Prevost était devenue
fort pieuse; et vraiment occupée de son salut. On me mandait à Lyon en suite de
ce triste événement, mais je garde la chambre en ce moment et suis hors d'état
de porter un tel voyage et de telles émotions; un de mes amis est parti pour
suivre à ma place les dispositions que l'événement demande.
M. Myionnet prend toute la place possible à votre
affliction, et priera avec moi pour votre bon père. Le f. Lambert n'est plus à
Vaugirard, on l'a envoyé à Marseille à cause de sa faible santé.
Offrez, mon bon ami, mon respect à Mme Victor
et croyez vous-même à ma sincère et tendre affection en N.S.
Le Prevost
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