Ce dont les frères ont besoin dans les communautés. Un
jeune Confrère de St-Vt-de-Paul, M. d'Arbois de Jubainville,
entre au noviciat. Charges de la maison de Vaugirard. Approbation de
l'administration "économique" de M. Halluin.
Vaugirard, 24
novembre 1859
Cher Monsieur l'abbé et fils en N.S.,
Nous avons pris nos dispositions pour que l'un de nos ff.
ecclésiastiques aille vous rendre visite, selon votre désir, un peu avant la
fête de l'Immaculée Conception. Il pourra, selon toute apparence, partir le
lundi avant la fête. Je pense que ce sera M. Lantiez. J'ai préféré que ce soit
lui plutôt qu'un autre parce qu'il pourra, en même temps qu'il exhortera les
enfants, s'entretenir aussi avec les frères et les soutenir par ses conseils. Tout
ce cher monde a bonne volonté, sans doute, mais l'expérience, la maturité, la
fermeté dans la marche manquent encore trop souvent et demandent, de temps en
temps, un peu d'appui. J'espère que la visite de notre bon abbé Lantiez
fortifiera et consolera tout le monde, vous tout le premier, cher Monsieur
l'abbé, qui, sans doute, trouvez en Dieu votre secours, mais qui pourtant devez
parfois plier un peu sous le poids si lourd qui pèse sur vos épaules. Je ne
reçois aucune nouvelle de Mgr d'Angers; s'il nous écrit, je ne
manquerai pas de vous en avertir.
Je ne suis pas absolument sûr que M. Lantiez soit libre
d'aller vous voir, on est venu de grand matin aujourd'hui le chercher pour se
rendre près de son père gravement malade. Si cette maladie se prolongeait, il
pourrait difficilement s'éloigner de Paris. En ce cas, un autre le
remplacerait, à moins d'empêchement absolu.
Notre frère allemand [Antoine Emes] est arrivé hier. Il
semble en très bonne disposition, mais il nous sera faiblement utile jusqu'à ce
qu'il sache le français. Un jeune homme de nos amis [M. d'Arbois de
Jubainville], membre des Conférences de St-Vincent-de-Paul, sujet
fort distingué par sa piété comme par ses autres qualités, doit aussi entrer
samedi au Noviciat. Mais nous présumons que nous aurons à le mettre aux études
théologiques, ainsi qu'un autre de nos jeunes frères [Gauffriau] ayant aussi
fait complètement ses humanités. Cette dernière communication est recommandée à
votre discrétion. C'est une question grave qui veut mûr examen, et l'exécution
peut aussi dans son mode demander attention. Je recommande la chose à vos
prières, elle est pour la
Communauté d'un sérieux intérêt.
Notre personnel se trouvera ainsi un peu augmenté, mais
sans accroissement sensible, jusqu'à présent, dans nos forces. Tout notre
monde, en effet, presque sans exception, est jeune ou nouvellement dans la
famille, tous ont besoin d'être formés à la vie de communauté ou aux œuvres;
mais c'est au moins un espoir pour l'avenir. Ayons donc confiance, cher
Monsieur l'abbé, le Seigneur nous viendra en aide et daignera donner
soulagement à ceux d'entre nous qui sont trop chargés.
Notre renouvellement des vœux s'est fait,
selon l'usage, d'une façon édifiante. Le r.p. Manuel, Dominicain, était venu la
présider; il a parlé admirablement. Nous sommes gâtés à Paris par la facilité
avec laquelle les secours spirituels nous sont accordés, nous en devrons compte
à Dieu.
J'approuve bien les études que vous faites pour arriver à
une administration économique. Je serais aise que votre expérience pût nous
être sous ce rapport secourable. Nous avons ici beaucoup à apprendre. la multiplicité de nos services, les
ateliers, l'Institut des persévérants, le mouvement habituel de tous nos ff. du
dehors et beaucoup d'autres causes multiplient nos dépenses et rendent
quelquefois nos charges bien lourdes à soutenir. Notre construction aussi est
un poids énorme. Je ne vois pas encore bien nettement quel sera le chiffre de
la dépense.
Adieu, cher Monsieur l'abbé, je souhaite à vous et à vos
frères et à toute votre maison tous les biens possibles et je les demande
instamment aux bontés généreuses de notre divin Seigneur et à l'intercession de
la T. Ste
Vierge, notre Mère.
Je suis avec une respectueuse affection en N.S.
Votre ami et Père
Le Prevost
P.S. Ma santé reste faible, mais pas plus mauvaise; tout
notre monde est assez bien.
Le père de M. Lantiez est mieux ce soir, mais encore
gravement malade.
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