657  à M. Caille

Souhaits de bonne année. Récit de la Saint-Jean. Nouvelles des vocations présentes et futures. Annonce de l'entrée de M. d'Arbois de Jubainville.

Vaugirard, 1^er janvier 1860

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            J'emploie le premier moment dont je puis disposer pour vous remercier de votre bonne et affectueuse lettre, de vos souhaits à l'occasion de la S^t Jean et du nouvel an. Je sais, dès longtemps, mon bien bon ami, la sincérité de votre affection pour notre petite famille et votre indulgente amitié pour moi; j'en reçois donc l'expression avec une vive reconnaissance, bénissant Dieu qui vous a donné à la Communauté et à ses œuvres et qui a aussi incliné votre cœur à la bienveillance pour moi. Nous continuerons des deux parts à garder en nous cette charité qui est un devoir de notre condition et qui devient en même temps une douce consolation dans nos travaux. Nous continuerons surtout à prier les uns pour les autres, afin que le Seigneur daigne nous maintenir à son service et donner bénédiction à nos œuvres. Son assistance miséricordieuse est bien visible jusqu'ici parmi nous, tâchons de nous en rendre moins indignes de jour en jour par notre piété, notre zèle et notre dévouement. Ce sont les vœux que je forme au commencement de cette année pour vous, pour vos frères et pour nous tous. J'ai besoin tout particulièrement de vos prières cette année, puisqu'elle semble devoir apporter de graves changements dans ma position; puissent-ils tourner à la gloire de Dieu et servir aussi au bien de notre chère famille.

            Tous nos frères s'unissent à moi pour vous offrir leurs vœux et affections de nouvel an. Notre fête de S^t Jean s'est passée à merveille; un certain nombre d'amis de la Communauté s'étaient unis à nous, M. Decaux entre autres; M. Baudon avait été aussi invité et serait venu, s'il n'eût promis avant, de dîner chez le Cardinal.

            Nous avons vu ces jours-ci M. Flour; il est toujours décidé à venir faire son noviciat aussitôt qu'il pourra s'échapper, il a obtenu trois Sœurs de charité pour conduire ses plus jeunes enfants; il espère établir séparément les plus grands et voudrait que nous en prissions soin; mais je n'ai pu lui promettre que nous serions de longtemps en mesure de lui donner ce concours; il paraît néanmoins décidé à s'unir à nous; il a perdu depuis quelque temps sa mère qui était le lien qui le retenait encore dans le monde.

            Toute la petite famille va bien, le dernier venu, M. d'Arbois, s'accoutume bien; il doit, avec un autre de nos jeunes frères, faire ses études ecclésiastiques; nous ne sommes pas encore décidés quant aux moyens que nous prendrons pour les faire arriver au sacerdoce; ils ont fait leurs humanités, la philosophie comprise, mais il reste la théologie; je recommande à vos prières cette affaire importante pour nous. Le f. allemand va très bien jusqu'ici; on nous en annonce un autre pour la fin de l'hiver.

            Adieu, mon bien bon ami, tâchons que l'année 1860 nous voie faire quelque progrès; nous sommes dans la voie de perfection, y avancer toujours est une obligation de notre vocation, puissions-nous nous y montrer fidèles et correspondre aux desseins de la divine Miséricorde à notre égard.

            J'embrasse vous et nos frères en J. et M.

            Votre ami et Père

                                                                                              Le Prevost