658  aux Frères d'Amiens

Sollicitude de MLP. pour tous ses frères. Chacun doit contribuer à édifier l'union fraternelle: le trésor d'une communauté, c'est l'union des frères entre eux.

Vaugirard, 1^er janvier 1860

            Bien chers enfants en N.S.,

            La multitude des soins qui surviennent en ces premiers moments de l'année ne me permet pas aujourd'hui de vous écrire à tous séparément, mais c'est bien ainsi au moins que je vous ai présentés au Seigneur en le conjurant de vous bénir, de vous combler de grâces, de remplir vos cœurs de ferveur, de zèle et de charité. J'ai la confiance, chers enfants, que mes vœux seront exaucés, car ils partaient du fond de mon âme et c'était avec un amour de père que je les portais jusqu'aux pieds de Dieu. Je vous remercie, chers enfants, de vos bonnes petites lettres, je les ai lues avec joie et j'y ai trouvé l'expression d'une cordiale affection; je m'en réjouis bien, car c'est là le trésor d'une communauté, l'union des ff. entre eux. On ne la garde pas sans peine, je le sais, car chacun ayant ses défauts exerce la patience de ceux qui l'entourent et il faut une vertu véritable pour que la charité n'en souffre pas; mais là précisément est le mérite et le sacrifice agréable à Dieu. Songeons à cela chacun de notre côté, chers enfants; vous êtes tous animés d'un bon désir et néanmoins il ne se peut que vous ne vous donniez souvent les uns aux autres quelque occasion d'exercer le support mutuel; offrez cette mortification au Seigneur, elle sera plus agréable qu'aucune autre à ses yeux et attirera sur vous et sur vos œuvres d'abondantes bénédictions.

            Quoique je ne vous écrive pas, chers enfants, aussi souvent que je le voudrais, je ne cesse pas d'avoir les yeux sur vous et de chercher constamment devant Dieu tout ce qui me semble pouvoir vous être utile. Je continuerai d'envoyer souvent quelqu'un de nos anciens frères vers vous pour vous visiter, vous encourager, et, s'il en était besoin, pour améliorer les points qui vous mettraient en souffrance. Si je suis un peu plus fort moi-même après la mauvaise saison, je me ferai une joie de vous voir au milieu de vos travaux et dans les exercices de votre vie de chaque jour. Ne vous lassez pas, bien chers enfants, de m'écrire de temps en temps et soyez assurés que vos chères lettres me causent toujours une vraie satisfaction.

            Tous nos ff. se rappellent à votre souvenir et vous font mille vœux pour le nouvel an; ils ont tous communié ce matin, et les ff. d'Amiens n'ont pas été oubliés par eux, non plus que par moi.

            Adieu, mes bien-aimés enfants, je vous embrasse cordialement en J. et M., et je prie le Dieu Père, Fils et Saint-Esprit de vous bénir et de vous tenir toujours unis à Lui.

            Votre ami et Père

                                                                                              Le Prevost