680  à M. Maignen

Joie toute paternelle de MLP. en voyant dissipé le malentendu dont il souffrait. Encouragement à l'humilité et à la soumission. Lui-même promet d'être plus patient.

Vaugirard, 11 mars 1860

Mon Dieu! mon cher enfant, que votre petite lettre m'a causé une douce et pure joie; il y avait longtemps que je n'avais eu un moment de si vive consolation. Vous voilà donc retrouvé, vous mon enfant bien-aimé, préféré peut-être; comme je vous cherchais, pauvre ami, avec angoisse et que je vous trouvais loin de moi; mais que le Seigneur en soit béni, je vous sens encore contre mon cœur de Père, j'en pleure de joie, je vous écris presque aveuglé. Soyez bien sûr qu'un rayon de grâce est tombé sur vous; vous êtes dans le vrai, puisque votre cœur est humble, soumis et aimant. Demeurez ainsi, cher enfant, c'est bien votre véritable voie; hors de là, vous n'avez pas un moment de paix, tandis que vous la retrouvez quand vous restez dans votre nature qui est toute de bienveillance et d'aspiration au bien.

            Je remercie le bon S^t Joseph que j'ai constamment invoqué pour vous, je remercie N.S. que j'ai bien prié aussi ce matin à la Sainte Communion, mais j'attribue surtout votre généreux mouvement aux prières de notre p. Beaussier; je lui avais écrit hier pour le prier de faire appel aux meilleurs points de votre cœur pour vous bien faire comprendre mes bons désirs à votre égard et vous rendre la paix. La voilà reconquise, cher ami, gardez-la bien, afin de répondre aux desseins de Dieu sur vous; vous avez une si bonne position, vous avez tant de dons pour faire le bien, assurez tout cela par l'humilité et le détachement et la bénédiction sera donnée à tous vos travaux. Je vais tâcher pour ma part, cher ami, d'être moins imparfait. J'ai pris devant Dieu la résolution de m'exercer davantage, dans ma nouvelle condition, à la vertu de patience qui me manque trop souvent et dont le défaut se met en travers de mes meilleures intentions; espérons qu'avec cela, la paix bénie que la main du Seigneur fait descendre entre nous sera inébranlable et tiendra nos cœurs dans la douce et intime charité qui les unit en ce moment.

            Je vous embrasse tendrement en J. M. et J.

            Votre ami et Père

                                                                                             Le Prevost