681  à M. Caille

Inconvénients des changements de personnel trop fréquents. Certitude qu'a MLP. que son entrée dans les ordres est bien selon les vues de Dieu sur l'Institut.

Vaugirard, 11 mars 1860

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            Notre f. Myionnet est revenu satisfait de son voyage d'Amiens, ayant trouvé les enfants mieux disciplinés et plus dociles; il espère qu'avec la direction du f. Guillot l'ordre sera plus ferme et plus régulier. Il m'a fait part du désir que vous auriez de reprendre le f. Joseph [Loquet]; il fait les classes ici et est bien à son affaire, nous en sommes contents et ce n'est pas sans peine que nous le déplacerons; cependant, je ne veux pas me refuser à cet arrangement, puisqu'il semble vous convenir. J'aurais souhaité seulement qu'il fût différé jusqu'à la retraite, c'est-à-dire quelques semaines à peine. Ce délai bien court rendrait le changement moins sensible; depuis quelque temps, en effet, les mouvements du personnel ont été chez nous plus répétés que je ne l'aurais voulu; les œuvres, comme la Communauté, ne peuvent qu'en souffrir.

            Examinez donc de nouveau, mon bon ami, si le bien de votre maison exige absolument que la mutation soit immédiate; en ce cas, j'écrirais au f. Desouches pour l'avertir de son rappel et je conviendrais avec vous du jour où l'un partirait d'Amiens et l'autre de Paris. Autrement, j'enverrais au f. Desouches une lettre d'avis et d'encouragements pour l'affermir et l'aider à remplir de son mieux son emploi jusqu'à la retraite, vers le milieu d'avril.

            Nous n'avons rien de notable ici; le f. Myionnet vous a dit, sans doute, tout ce qui pouvait vous intéresser sur la situation de la Communauté et de ses œuvres; il y a toujours insuffisance de personnel et de moyens, mais cet état, dont nous n'avons jamais pu sortir, est sans doute selon les vues de Dieu; allons donc en patience et en confiance, cette disposition me semble devoir être habituelle chez nous.

            Je recevrai avec plaisir les renseignements que je vous ai demandés sur vos œuvres pour l'année 1859.

            Je vous remercie de vos bonnes prières à l'occasion de ma première ordination; j'ai lieu de penser que Dieu les a exaucées, tout me confirme dans la conviction que cette grave mesure était dans les desseins du Seigneur à l'égard de notre petite famille, elle était désirée et comme attendue partout autour de nous.

            Je désirerais que vous me donniez confidentiellement une petite note indicative de vos ressources propres, tant présentes qu'à vous revenir si vous liquidiez vos affaires de commerce; puis aussi des ressources de votre maison, et, en regard, vos charges de famille et les dépenses ordinaires de l'orphelinat. De cette sorte, je me rendrais mieux compte de la situation qui nous serait faite si vous vous retiriez des affaires. S'il n'y avait, entre les recettes et les dépenses, qu'une différence assez peu notable, il me semble que, sans tenter la Providence, vous pourriez vous jeter entre ses bras. Cette note serait pour moi seul, vous pouvez donc me la donner en toute confiance.

            Adieu, mon bon ami, tâchons de faire une sainte quarantaine, puisque ce temps est plus abondant en grâces et plus favorable pour être agréables à Dieu par nos prières et par nos œuvres.

            J'embrasse vous et nos frères bien affectueusement en J. et M.

                                                                                             Le Prevost