Satisfaction de MLP. après la retraite. Le frère
Thuillier demande à s'engager définitivement dans l'Institut.
Vaugirard, 29 avril 1860
Cher Monsieur l'abbé et fils en N.S.,
Notre retraite s'est terminée vendredi matin, comme nous l'avions projeté. Elle
a été suivie d'une petite promenade, bien que le temps fût assez frais et
médiocrement engageant. La divine Providence, toujours si miséricordieuse pour
nous, nous avait ménagé un Père de retraite tout à fait distingué. La solidité
de ses enseignements, la clarté, le charme entraînant de sa parole, le parfait
à-propos de tous ses conseils, tout s'est réuni pour nous rendre les exercices
aussi utiles qu'attachants. L'esprit de tous les frères semble être tout ravivé
par ce précieux secours. J'espère que le Seigneur, qui nous l'a donné, en fera
durer l'impression et les fruits dans nos âmes.
Notre jeune f. Thuillier, dont le cœur reste toujours excellent et dont les
imperfections sont moins dangereuses qu'en beaucoup d'autres, parce qu'il a
tout à la fois une sage défiance de lui-même et une grande ouverture avec ses
supérieurs, s'est particulièrement montré touché des instructions de la
retraite. Il a demandé avec instance que, pour mettre fin à toute hésitation
concernant son avenir, on le liât définitivement à la Communauté. Nous
avons pensé, après examen, qu'on pouvait compter sur sa fidélité, sa conduite
depuis six ans ne nous ayant jamais fourni matière à aucun reproche ayant ombre
de gravité. J'espère que cette courageuse résolution va le poser sans retour
dans la voie du dévouement et de la charité. Il doit, comme nous en étions
convenu, demeurer ici, quant à présent, pour refaire ses forces spirituelles et
s'instruire un peu plus, s'il y a lieu. Nous le remplacerons près de vous,
ainsi que nous l'avions présumé, par le f. François [Le Carpentier] dont le bon
esprit et les heureuses qualités porteront, je l'espère, un poids utile dans
votre petite communauté. Il se rendra à Arras jeudi prochain. Nous n'avons pu
l'envoyer plus tôt, celui des ff. qui doit le remplacer près des persévérants
étant retenu jusque là à Nazareth. Si M. Myionnet est libre jeudi, il pourra
accompagner le f. François, rpourra le mieux vous servir. C'est un homme d'une
vertu réelle, cherchant purement la gloire de Dieu et sachant s'oublier
lui-même. J'espère que vous vous entendrez bien avec lui.
Adieu, cher Monsieur l'abbé, je vous écris un peu en hâte, la retraite nous a
mis en retard pour bien des choses et nous sommes toujours fort chargés. Arras
et Vaugirard et nos autres œuvres aussi sont, sous ce rapport, en même voie.
Daigne le Seigneur y être toujours présent près de nous.
Tous vous assurent avec moi de leurs sentiments de respect et d'affection en
N.S.
Le Prevost
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