Impressions d'ordination au sous-diaconat. Nécessité pour
l'œuvre d'Arras d'une direction
composée d'éléments homogènes. Nouvelles des frères
Sadron, Myionnet, Roussel. Un apprenti cherche du travail à Arras.
Vaugirard, 3
juin 1860
Cher Monsieur l'abbé et fils en N.S.,
Je vous remercie bien cordialement des bonnes et pieuses paroles que vous m'avez
écrites à l'occasion de l'ordination dans laquelle j'ai eu le bonheur de
prendre ma part311. C'est une grande et sainte solennité dont j'ai
conservé une impression profonde. J'espère que je garderai comme un trésor
précieux les grâces si imméritées que le Seigneur a daigné répandre sur moi; je
vous demande, cher Monsieur l'abbé, de remercier avec moi la divine Bonté et de
solliciter son secours pour les pas décisifs qu'il me reste à faire.
Je suis heureux d'apprendre que tout va selon vos vœux dans votre chère maison.
Je n'ai pas reçu de lettres de nos ff. d'Arras depuis bien longtemps; je serais
satisfait qu'ils m'écrivissent, les rapports d'affection et de bonne entente ne
peuvent s'entretenir sans quelques communications un peu régulières.
J'approuve entièrement, avec tout le Conseil de la Communauté, la
résolution que vous avez prise de ne pas maintenir M. Lemaire dans sa position
au delà du temps de la première communion. Le refus qu'il fait de s'attacher à
notre famille montre assez que Dieu ne l'appelle point aux œuvres humbles et
dévouées auxquelles nous sommes consacrés. Rien ne nuirait plus à l'ensemble de
votre action et à l'union de vos frères qu'une direction partagée, composée
d'éléments sans homogénéité. Je vous invite donc bien à persister fermement
dans cette pensée et à ne pas faiblir dans l'exécution.
Nous craignons que les démarches nécessaires n'aient pas été faites à temps
pour que M. Sadron passe à Arras la révision. On nous a promis, à la mairie de
Vaugirard, de s'en occuper; nous pensons que ce sera trop tardivement. Assurez,
je vous prie, ce cher enfant que nous prenons part tous ici à ses malaises de
santé. Nous espérons bien qu'ils n'auront aucune suite. M. Myionnet, ici, est
un peu souffrant depuis quelques jours. Nous ne savons encore si le mal de
gorge qui l'incommode n'aura pas les suites assez sérieuses que ces
indispositions ont déjà eues souvent pour lui.
Je vais voir si M. l'abbé Roussel, qui a l'habitude des retraites de première
communion, peut aller à Arras pour l'édification de vos enfants. Je vous
donnerai réponse à ce sujet tout prochainement.
Les chandeliers ne seront envoyés à Arras qu'à l'époque indiquée par vous. Nous
souhaitons bien que Duranel trouve du travail près de vous. Nous pensons qu'il
a encore besoin de votre surveillance paternelle et qu'un atelier à Arras
vaudra mieux pour lui que ceux de Paris. Il est doux et assez bon garçon, mais
il a peu d'élévation dans ses vues et pas assez de piété pour y trouver son
appui.
Adieu, cher Monsieur l'abbé, il y a bien longtemps que nous ne vous avons vu;
mais, je l'espère, la charité du Seigneur vit en nous et nous unit dans un même
esprit et dans une même et unique aspiration: la gloire de Dieu et la
sanctification des âmes.
Assurez, je vous prie, tous nos frères de nos sentiments de vive affection et
croyez vous-même au respectueux dévouement de
Votre ami et Père en N.S.
Le Prevost
P. S. M. Maufait a écrit de nouveau, il y a quelques jours, à M. Myionnet. Nous
remettons toujours à vos soins l'examen des dispositions de ce jeune homme et
nous ne le recevrons que sur votre proposition.
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