Ouverture pour l'union de l'Œuvre de Metz à la Congrégation. Conditions
d'admission. Prochaine ordination sacerdotale de MLP.
Vaugirard, 27
octobre 1860
Cher Monsieur l'abbé,
J'attendais depuis longtemps quelques signes de sympathie du côté de Metz;
j'avais pressenti qu'il y avait là un foyer de zèle et de charité qui devait
être dans les voies que nous cherchons à suivre, et qu'un peu plus tôt, un peu
plus tard, la Providence
nous ménagerait quelque occasion de rapprochement. Je bénis le Seigneur qui
semble nous indiquer que le moment s'approche où, en concertant nos moyens,
nous pourrions travailler plus efficacement à sa gloire.
Je ne verrais pas de difficulté, cher Monsieur l'abbé, à l'admission parmi nous
du bon jeune homme dont vous me parlez, s'il est vraiment et sincèrement
disposé à se consacrer tout à Dieu dans les œuvres que nous avons embrassées.
Je verrais là, avec vous, une première préparation pour l'établissement à Metz
d'une petite communauté qui, tout ensemble, affermirait votre excellente
institution de jeunes ouvriers et assurerait son avenir.
Notre règlement exige avant tout des sujets qui se présentent: la piété, un
entier dévouement, la capacité de corps, la rectitude d'esprit, mais le défaut
de ressources temporelles ne fait point obstacle à leur vocation. S'ils sont à
même, sous ce rapport, de donner quelque aide à la Communauté, elle
l'accepte volontiers comme un secours vraiment utile, mais elle n'en fait pas
une condition de leur admission. Ces renseignements, je l'espère, cher Monsieur
l'abbé, vous mettront tout à l'aise, tant pour le bon jeune homme désigné dans
votre lettre que pour d'autres, s'il s'en trouvait qui voulussent suivre son
exemple.
Quant à un prêtre, s'il s'en présentait qui eût aussi la
même inspiration, on subordonnerait, autant qu'il se pourrait, les dispositions
à prendre pour l'unir à la
Congrégation aux nécessités de sa position.
Dans
les conditions ordinaires, un temps de noviciat un peu prolongé a une grande
utilité pour prendre l'esprit de la famille et s'attacher à elle par la vie
commune; mais les circonstances peuvent rendre parfois difficile un éloignement
trop long des lieux et des choses auxquelles on est enchaîné. En ce cas,
quelques mois peut-être, durant lesquels on aviserait à une suppléance
provisoire dans les œuvres qu'on devrait délaisser, pourraient suffire à la
rigueur pour cimenter l'union qu'on voudrait opérer. J'ai la confiance, cher
Monsieur l'abbé, que si l'hypothèse se devait réaliser, pour vous en
particulier, il nous serait facile de nous entendre sur ce point comme sur tout
le reste. Je le demanderai à Dieu, et je regarderais cette disposition comme
une marque de plus de ses miséricordes pour notre petite famille.
Vous apprendrez avec satisfaction, je le pense, que, d'après les avis de Son
Eminence et de plusieurs autres personnes fort éclairées, j'ai cru devoir
entrer dans le saint ministère; j'ai été admis déjà aux premiers ordres,
jusqu'au diaconat inclusivement, et je dois être ordonné prêtre à Noël
prochain. Je vous demande bien instamment le secours de vos prières et
sacrifices, comptant bien que vous ne me le refuserez point. Je n'oublierai
pas, de mon côté, devant Dieu, vous ni vos chers jeunes gens, ni vos œuvres; ce
sera un premier lien, gage d'une plus entière et plus parfaite union.
Je suis avec des sentiments respectueux et dévoués, en J. et M.,
Votre humble serviteur et frère
Le Prevost
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