Que M. Caille intervienne en faveur d'un jeune collégien
d'Amiens.
Vaugirard, 25
mars 1861
Mon bon ami et fils en
N.S.,
Un des membres des Conférences de St-Vincent-de-Paul de Paris, M. de
Chavagnac, me prie de réclamer votre entremise pour une petite affaire à
laquelle il attache un grand intérêt.
Il connaît particulièrement la famille d'un jeune garçon reçu, (je crois, charitablement)
au Collège d'Amiens chez les rr. Pères, et nommé Rouillé. Cet enfant demande
avec une vive instance à ne point rester au Collège durant les vacances de
Pâques; l'an dernier, ses parents, qui sont au Mans et peu aisés, l'y ont
laissé, ses camarades l'y ont humilié, supposant que c'était par économie qu'il
était resté; de là un chagrin qu'il ne veut à aucun prix encourir de nouveau.
Il a amassé l'argent nécessaire pour faire un voyage soit à Paris, soit
ailleurs; sa mère consent à ce qu'il le fasse, mais elle est mal entourée au
Mans, elle souhaite qu'il n'y vienne point en ce moment. M. de Chavagnac la
connaît beaucoup et en dit du bien, il voudrait lui complaire en donnant
satisfaction au désir du pauvre enfant. Il pense que le r.p. Recteur du Collège
consentirait à envoyer l'enfant Rouillé passer les vacances de Pâques au
Collège des Pères de Vaugirard, ou que vous le recevriez vous-même
momentanément, moyennant indemnité, pour le séjour de quinze jours qu'il
passerait chez vous, ou enfin qu'on l'enverrait ici chez nous. Il me semble que
son envoi au Collège chez les Pères à Vaugirard serait le moyen le plus naturel
et le plus simple; je vous prie d'en parler ou faire parler au r.p. Recteur et
d'arranger la chose pour le plus grand bien du jeune Rouillé. C'est assurément
un enfantillage, mais cet enfant, bon d'ailleurs, a beaucoup d'orgueil; il a
été blessé, il ne se sent pas la force de subir une nouvelle épreuve; ce
chagrin est aussi digne de compassion que la plupart de ceux qu'on rencontre dans
le monde, vous n'y refuserez point votre attention charitable.
Adieu, mon bien bon ami, la chose presse, puisque les vacances vont commencer.
Je suis tout affectueusement, en J. et M.,
Votre ami et Père
Le Prevost
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