791  à M. Caille

Le personnel de la maison d'Amiens. Le voyant de La Salette, Maximin Giraud, en visite à Vaugirard.

Vaugirard, 20 septembre 1861

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            Je pense avec vous qu'il n'y a point, quant à présent, urgence à demander des pouvoirs à Amiens pour notre cher abbé Planchat; je crois aussi qu'il n'est pas nécessaire qu'il visite M. Victor [Trousseau, au Petit Séminaire de Montdidier] aussi souvent qu'il le pense; un ou deux voyages à un mois de distance peuvent être utiles pour le moment, afin de distraire et encourager cet enfant qui doit nécessairement avoir un peu d'ennui, mais une fois qu'il sera bien remis, on pourra éloigner les intervalles; vous réglerez d'ailleurs la chose, étant mieux à même d'en juger.

            M. Lantiez a répondu pour la demande faite par M. Victor.

            Je trouve bien votre manière de tenir l'ordre de votre maison. M. Alphonse [Vasseur] comprendra lui-même, je l'espère, en y réfléchissant mieux, que tout est bien ainsi, ses petits mécontentements tomberont; il a, au fond, du cœur et de la bonne volonté, la grâce de Dieu lui viendra en aide.

            Le jeune homme [Théron] dont vous a parlé M. Planchat est toujours au milieu de nous; il est doux de manières, assez pieux, fort adroit au travail, mais pas assez dévoué à notre sens et pas assez laborieux. Je ne verrais pas de nécessité à ce qu'il logeât chez vous, si vous y voyez l'ombre d'inconvénient, il est assez habile comme menuisier pour gagner sa vie au dehors, il pourrait donc seulement venir aux réunions de la semaine et du dimanche. Nous irons du reste avec lui jusqu'à la retraite, nous ne lui avons pas encore parlé de son changement; nous ne voyons pas chez lui de vocation bien indiquée, c'est ce qui nous porte à lui conseiller la vie ordinaire.

            Vous pouvez avoir toute confiance en M. Gustave [Marinier], nous vous répondons de lui. Si M. Thenon a pu dire, ce que j'ignore, que la Communauté ne trouverait pas une grande vigueur en lui, il était dans le vrai, mais il n'a certainement rien dit de plus; M. Gustave pouvait n'avoir pas la suffisance pour l'emploi très difficile et fort lourd qu'il s'agissait de lui donner à S^te-Mélanie; mais, dans un office moins important, il peut rendre des services réels; il est pieux, a bonne volonté et, un peu encouragé, il ira bien partout. Soyez sûr que M. Thenon n'a pu rien dire en autre sens; s'il l'avait fait, il eût été mal informé. M. Carment a suivi de très près ce jeune homme pendant plusieurs mois à S^te-Mélanie et il rend le meilleur compte de lui; les Frères, que sa santé l'avait contraint autrefois de quitter, lui ont écrit qu'ils étaient disposés à le reprendre.

            Adieu, mon bien bon ami, mille affections à nos frères. Nous avons eu hier une aimable et pieuse solennité à la chapelle de N.D. de la Salette; Maximin [Giraud], momentanément à Paris, nous a rendu visite dans l'après-midi.

            Votre tout affectionné ami et Père                      Le Prevost