812  à M. Maignen

A propos du personnel de Nazareth.

15 janvier [1862]

            Bien cher enfant en N.S.,

            Vos inquiétudes n'ont pas, en ce qui me regarde, le moindre fondement; je ne sais ce qui a pu faire penser à M. Paillé que je n'eusse pas souvenir des besoins de l'œuvre des Jeunes Ouvriers. Si c'est l'envoi que je lui ai fait d'un jeune postulant [Louis Rémond], il a tout à fait mal compris mon intention; je n'ai mis ce jeune homme près de vous que pour avoir le temps d'examiner ses aptitudes et dispositions avant de lui donner place au noviciat; c'est une transition de deux, trois ou quatre semaines. Tâchez de l'employer de concert un peu utilement; j'en pense du bien, je regretterais qu'il fût négligé chez vous.

            Quant à M. Boucault, je ne sais pas du tout quelles sont ses vues; il va faire une petite retraite; je crois qu'il faut lui faire cordial accueil et l'attirer doucement à ce qui serait véritablement sagesse et raison pour lui, mais éviter de le presser vivement, parce qu'on le jetterait ainsi dans un courant contraire; il aime beaucoup sa liberté, on a besoin de ne pas trop lui imposer des vues et des sentiments. J'ai lieu de craindre que la vie aventureuse qu'il vient de mener l'ait mis en goût de continuer et qu'il n'accepte pas la perspective d'une vie plus calme et plus sensée.

            Adieu, ami, mille affections en N.S.

            Votre ami et Père

                                                                                             Le Prevost