821  à M. Risse

L'œuvre de Metz: un grain de senevé qui donnera du fruit. Questions financières.

[février 1862]

            Bien cher abbé et fils en N.S.,

            Vos bonnes lettres et celles de notre f. Georges [de Lauriston] ont grandement réjoui toute notre communauté; nous bénissons Dieu qui se plaît si visiblement à encourager la petite famille qui se fonde à Metz; c'est le grain de sénevé, une toute petite œuvre qui, avec le temps, s'enracinera et donnera des fruits abondants. Allons fidèlement, selon les vues de la divine Sagesse, confions-nous à la tendresse et à la miséricorde de notre bon Maître.

            Vous avez eu tort, bien cher ami, de nous envoyer en ce moment quelque argent, vous avez trop à faire vous-même pour subvenir aux charges de votre installation; aussi je fais payer avec cet argent vos cartes, votre surplis et le voyage du f. Georges, ne voulant pas vous imposer pour nous des sacrifices qui viendraient mal à propos pour votre chère œuvre.

            Je crois que vous êtes pleinement en droit de réserver, pour les besoins de votre communauté, telle part que vous jugerez nécessaire sur les dons que vous recevez; faites en sorte seulement que votre Conseil d'Administration ne prenne pas en mauvais sens cet emploi, s'il est obligé d'en avoir absolument et de tout point connaissance; en général, on est très exigeant pour les serviteurs de Dieu, on attend beaucoup d'eux et on désire ne leur rien donner, on leur sait gré d'être comme les anges qui n'ont besoin de rien; c'est contre toute raison, mais c'est ainsi.

            Je ferai votre commission près de M. Maignen.

            Nous n'entendons point parler jusqu'ici de M. Braun. M. Paillé a prié M. des Francs de passer à la maison où il est et de le voir pour lui demander purement et simplement de ses nouvelles de votre part; on n'a rien dit de plus à M. des Francs qui se bornera à faire ce qu'on lui a demandé. Je crois que cela suffit et que ce ne sera pas trop non plus.

            Je voudrais vous écrire bien des pages; c'est à la hâte que je vous écris ces deux mots, un peu de meilleur temps viendra; je me borne aujourd'hui à vous assurer de la tendre affection de toute la famille, le lien est bien formé, votre court séjour a suffi, tout le monde vous aime, frères et enfants et le Père par-dessus tout.

            Tout à vous en J. et M.

                                                                                             Le Prevost