Difficulté de recrutement des persévérants. Zèle
apostolique de l'abbé Braun. Chants du "beau mois de
Marie".
Vaugirard, 1er
mai 1862
Cher Monsieur l'abbé et fils en N.S.,
Notre jeune Auguste Leduc a, comme on le pouvait présumer d'avance, été jugé
propre au service militaire. Il ne reste plus qu'une chance, c'est qu'il soit
exempté comme soutien de famille, mais je doute bien que nous y réussissions.
Deux seulement sont ainsi favorisés dans chaque arrondissement. Nous prions
pour lui, c'est notre meilleure ressource, sans toutefois négliger les moyens
dont nous pouvons disposer pour soutenir ses intérêts. L'un de nos jeunes
sujets venus de Metz, Ferdinand Bosmel, est pris pour la réserve; il en
résultera pour lui l'obligation d'aller 3 mois, chaque année, à Metz pour les
exercices.
M. Planchat me dit que nous pouvons espérer une visite de vous durant la
retraite; je m'en réjouis et suis toujours heureux des occasions qui vous
rapprochent de nous. Je trouverai bien qu'il arrive un jour ou deux avant
l'ouverture de la retraite, si toutefois vous y voyez avantage et n'en devez
point trop avoir d'inconvénient. Vous jugerez aussi, avec notre bon abbé, s'il
y a opportunité à faire entrer le jeune Cauroy parmi nos persévérants, les
mécomptes nombreux que les jeunes sujets fournis à la Communauté par cette
petite institution nous ont donnés, nous ont rendus un peu timides pour les
admissions; nous nous en rapportons néanmoins tout à fait à vous pour ce qui
regarde celle du jeune Cauroy.
L'abbé Braun, récemment admis parmi nous, paraît bien prendre sa position, mais
il nous apportera, je le crains, peu de soulagement. A peine arrivé, il s'est
trouvé pris par quelques Allemands du quartier de Grenelle qui l'ont reconnu,
l'ayant vu en Lorraine. Sur leurs instances, nous avons consenti à improviser
avec lui, pour eux, une petite retraite préparatoire à la communion pascale; en
deux jours, 500 d'entre eux l'ont suivie, puis un plus grand nombre, de telle
sorte qu'en un instant le voilà chargé de 12 ou 1500 âmes au moins, dont près
de la moitié ont déjà communié, dont l'autre est en préparation pour y arriver.
Avec une telle charge que la
Providence semble avoir prédisposée, il lui restera peu de
liberté. Nous ferons en sorte toutefois qu'il reste quelques jours de la
semaine à la maison, à la fois pour s'y former à la vie commune et pour
suppléer en quelques points M. Faÿ, lequel lui-même doit remplacer M. Lantiez
que Grenelle absorbe presque entièrement.
Je n'ai pas de vue encore relativement aux mesures qui seront à prendre pour
votre maison, si le jeune Leduc est définitivement pris par le service
militaire, nous attendons la décision à intervenir sur sa demande d'exemption.
Adieu, bien cher Monsieur l'abbé; j'espère que le beau mois de Marie sera plein
de grâces et de bénédictions pour votre maison et pour toute notre petite
famille dans son ensemble. Je me souviens qu'à mon dernier voyage à Arras, vos
enfants chantaient avec joie les louanges de la Ste Vierge,
elle sera touchée de leur foi et obtiendra pour eux les faveurs de son divin
Fils.
Votre tout affectionné et dévoué ami et Père
Le Prevost
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