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Jean-Léon Le Prevost Lettres IntraText CT - Lecture du Texte |
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852 à M. de Varax332Témoignages d'affection. Pressentiment d'avenir. MLP. compare son jeune correspondant à M. Maignen. Etudier ses points faibles et ses attraits spirituels, à la lumière de l'Esprit Saint.
Bien cher Monsieur et fils en N.S., Vous m'appelez mon Père, je vous réponds mon fils, oui, me voici, s'il y a un peu en vous de sentiment filial à mon égard, il m'est aisé de le dire, il y a au-dedans de moi pour vous tout ce qui unit le père au fils, le dévouement, la tendre affection, le vif désir d'aider, d'assister, la sollicitude, l'attentive préoccupation de l'avenir. J'ai presque besoin de vous assurer de tous ces sentiments, cher Monsieur, car j'ai bien tardé à vous répondre, je comptais les jours à regret qui s'écoulaient l'un après l'autre depuis la réception de votre lettre, mais aucun d'eux ne m'offrait un moment disponible pour vous écrire; on éprouve, à mon âge, en voyant passer la vie, ce qu'on sent dans les voyages en chemin de fer, les paysages glissent et s'effacent l'un après l'autre; on s'arrêterait bien ici ou là, mais rien ne demeure, on est déjà loin, emporté sans relâche à travers l'espace. Dépêchez-vous de vivre et de noblement vivre, bien cher ami, pendant les courts instants qu'on appelle la jeunesse; entre le passé et l'avenir, on jouit alors de l'un et de l'autre avec une si merveilleuse puissance de souvenir et d'espérance qu'on semble accroître la durée du présent, mais cela dure bien peu; la vie, a dit je ne sais quel moraliste, c'est un pas entre le berceau et la tombe. Heureusement, ce pas suffit et peut être rempli par de si précieuses choses qu'elles peuvent opérer de grands biens, laisser un long souvenir et gagner, à qui les a faites, une existence sans fin, une félicité éternelle. Je vous remercie de votre chère lettre, elle m'a vivement touché; l'ardeur de votre jeune âme si confiante, si généreuse dans ses aspirations, me remue comme si je n'avais que vos 20 ans, et j'ai besoin de me raisonner un peu pour ne pas trop céder à l'entraînement; il me semblait en conversant avec vous, il me semble encore en lisant vos lettres (j'étais là, à Nazareth, quand M. Maignen a reçu la sienne) que je recommence mes intarissables épanchements avec ce dernier, quand il avait l'âge et la jeunesse de cœur qui fait aujourd'hui votre trésor. Je vous l'ai dit, cher Monsieur, je croyais le retrouver en vous et je recommençais les jours d'autrefois, comme un grand-père qui rajeunit avec son petit-fils. Est-ce pur effet de sentiment, est-ce un indice providentiel? L'avenir le dira. Quant à présent, je laisse faire, je ne résiste point à ce qui est doux pour moi et où je ne trouve rien que le Dieu de charité puisse condamner. Si vous m'écrivez de nouveau, bien cher Monsieur, comme j'y compte bien, vous aurez soin de me dire bien au long si vous suivez mes petites recommandations en sens divers, et vous me direz toujours tout ce qui se passe en vous, sans craindre de me lasser. Vous avez laissé tomber le mot d'individualisme; si cette tendance était en vous, élevez-la, bien cher ami, en la faisant servir à vous étudier vous-même, pour vous bien connaître, pour voir vos points faibles et aussi les attraits spirituels qui sont en vous, et enfin l'action intérieure du divin Esprit dans votre âme; je ne veux renoncer au droit que vous m'avez donné de lire dans ce livre que si vous le fermez vous-même; je crois qu'il n'en sera rien. Je tarderai moins, je l'espère, une autre fois à vous écrire; j'aime mieux d'ordinaire écrire peu, si le temps me manque, et ne point différer mes réponses; une fois le premier moment passé, les délais deviennent indéfinis, puis l'impression de l'entretien en est amoindrie. Vaugirard et Nazareth vous gardent un tendre souvenir; le moment qui vous ramènera à Paris sera fêté ici par tous. Comment si peu de temps a-t-il suffi pour opérer une si intime adhérence des cœurs? J'en trouverais bien des raisons, mais vous les trouverez de votre côté, je l'espère. Je m'unis à la petite prière que fait chaque soir M. Maignen pour vous, un de plus ne gâtera rien. Notre Seigneur a dit: Quand vous serez deux ou trois assemblés en mon nom, je serai au milieu de vous.333 Quelle douce et divine Parole! Un père a droit d'embrasser son fils, je vous embrasse donc affectueusement, cher Monsieur, et suis en J. et M.. Le Prevost
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332 Né à Chalon-sur-Saône en 1841, Bernard Riverieulx de Varax avait collaboré à l'œuvre de Nazareth. Homme de talent et d'envergure, il conquiert l'amitié de MLP. qui l'accueillera à Vaugirard le 7 avril 1863. Il sera ordonné prêtre à la fin de 1866. En 1871, malgré son jeune âge, (29 ans), il sera choisi par MLP. pour être son vicaire général, charge qu'il assumera avec compétence et générosité jusqu'à l'élection du père Lantiez, le 8 décembre 1874. 333 Mt 18, 20. |
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