S'abandonner à la Providence. Encouragement
à être fidèle aux exercices de piété. Fête de N.D. de La Salette à Vaugirard; les consolations qu'elle donne.
Vaugirard, 20
septembre 1862
Bien cher ami et fils en N.S.,
Je vous écris seulement deux mots aujourd'hui pour vous dire que la famille qui
demandait un précepteur n'ayant point pris arrangement avec un sujet qui lui
avait été présenté, reste disposée à s'entendre avec quelque autre candidat.
Vous me disiez dernièrement qu'au lieu d'un, vous en aviez deux en vue; ayez
l'obligeance de les avertir que cette affaire doit être traitée, non par le
chef de la famille lui-même, lequel n'est pas à Paris, mais avec M. Duverger,
son parent, demeurant ici rue de Seine, n° 74.
J'aperçois, en lisant la lettre du premier, nommé M. Schmith, que M. Duverger
doit quitter aussi prochainement Paris; si les candidats en question ne sont
pas présents et ne peuvent voir ce Monsieur avant son départ, il me semble
qu'il faudrait qu'ils se missent directement en rapport avec M. Schmith,
résidant à Montfélix, par Loches (Indre-et-Loire), de la part de M. l'abbé
Marty.
Votre dernière lettre m'a causé une vive, très vive satisfaction; non seulement
elle était bonne et aimable, vous ne savez pas faire autrement, mais il y avait
cet accent chrétien, ce ton franchement décidé du serviteur de Dieu qui répond
bien aux vœux de ceux qui ont vu un peu l'action du Seigneur en vous. Allez
toujours ainsi, bien cher ami, laissez-vous faire, vous n'aurez pas de
mouvements propres, pour ainsi dire, à résoudre ou à vouloir, donnez-vous comme
la graine se donne au vent qui la pousse où elle prendra racine et portera
fruit; il est si doux de se laisser emporter ainsi au souffle puissant et paisible
de la Providence!
Je suis heureux aussi de voir que votre temps est bien employé, que
vos pieux exercices ne sont point sacrifiés; cette fermeté de vouloir quand
rien n'oblige extérieurement est d'excellent augure pour l'avenir; obéir au
Maître qui ne parle qu'au cœur et sans bruit de parole, c'est une noble et
haute obéissance.
Hier, ici chez nous à Vaugirard, fête de N.D. de la Salette, fête charmante
tout le jour, comme la Ste
Vierge en fait pour ses enfants: 5 messes, chapelle pleine à
toutes les messes, chants pieux, communions presque générales toute la matinée,
tout le jour concours de pèlerins, l'après-midi procession, 2e
instruction, salut, joie douce, épanouissement de tous les cœurs, fête de
famille présidée sensiblement par la
Mère qui donnait à tous l'intime charme de sa présence; on
goûte parfois la présence sensible du Seigneur, il y a aussi la présence
sensible de la T. Ste
Vierge, que le Seigneur est bon!
Adieu, bien cher ami et fils en N.S., croyez toujours au cordial attachement de
tous pour vous chez nous, M. Maignen en tête et moi avec lui, lui jeune, moi
vieux.
Votre affectionné ami et Père
Le Prevost
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