Dispositions à envisager pour le personnel de Nazareth.
Vaugirard, 15
novembre 1862
Il me semble, mon cher enfant, que vous auriez une
combinaison meilleure que les autres en prenant près de vous, pour tout l'hiver,
Sénart qui, lui, pour des raisons solides, désire changer sa condition. Cette
position près de vous lui servirait de transition et le mettrait à même de bien
considérer autour de lui quelle voie lui offre le plus de chance de se préparer
un avenir et de chercher les occasions favorables. Personne plus que lui ne
peut vous aider utilement dans tous vos services du patronage. L'hiver passé,
s'il prenait position en quelque carrière choisie par lui, nous serions
peut-être moins dépourvus qu'aujourd'hui de sujets susceptibles de vous bien
seconder.
M. Pierre [Mouret] ne peut marcher sans une direction constante dans le
patronage où il est tout à fait inexpérimenté, et M. Emile [Beauvais] est si
peu à l'œuvre de Ste-Anne et si peu libre désormais d'y faire même
le peu qu'il y concédait qu'il n'y aurait pour un homme à former pas la plus
petite assistance. Il ne faut donc pas compter que Ste-Anne soit
pourvue ainsi. Je dis, en passant, que M. Emile se désole de la répugnance, à
son gré bien mal éclairée, avec laquelle vous repoussez M. Pierre dont il est,
à l'usé336, de plus en plus content. Il me paraît aussi à moi le plus
capable de vous servir parmi ceux qu'on a mis en avant en toutes les
combinaisons qu'on a faites; mais je désire laisser les choses s'arranger en un
sens ou en un autre, sans pousser à aucun parti, afin de laisser espace à votre
initiative. Pour Moutier, si on le retire de Ste-Anne pour le mettre
à Nazareth, M. Decaux pourra bien plus s'en blesser que si on le lui enlève pour
le Noviciat dont il ne peut raisonnablement méconnaître l'indispensable
nécessité. Voilà toute ma pensée, continuons à prier, Dieu nous donnera,
espérons-le, la solution de nos difficultés.
Votre tout affectionné ami et Père en N.S.
Le Prevost
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