875  à M. Hournon

Conseils contre le découragement

Vaugirard, 22 décembre 1862

            Mon bien cher enfant,

            Je ne me contriste point du découragement que vous me montrez dans votre lettre, parce qu'il n'est pas aussi sérieux que vous le pensez; vous avez un peu de dégoût et d'ennui, vous prenez ce malaise pour défaut de vocation. C'est juger trop vite, la chose intéresse trop gravement votre avenir pour être si promptement résolue. Je vous invite, mon cher enfant, à prier beaucoup pour que Dieu vous éclaire et à attendre le voyage que M. Lantiez doit faire assez prochainement à Arras; il vous connaît à fond, il causera avec vous sérieusement et verra ce que Dieu demande de vous; il se peut que votre abattement vienne seulement des lassitudes et contrariétés de vos emplois, et peut-être aussi de ce que vous n'avez point eu de noviciat sérieux. Dans peu de temps, nous devons établir le noviciat à Chaville; il pourrait être utile que, pour vous fortifier, vous instruire plus à fond et prendre mieux l'esprit religieux, vous vinssiez faire un séjour prolongé avec nos autres jeunes frères dans cette maison, afin de prendre définitivement le pli de la vie spirituelle et de vous asseoir dans de meilleures conditions pour l'avenir.

            Voilà mon avis, cher enfant, avec ce qu'il vous convient de faire, si vous voulez ne rien brusquer et ne pas compromettre inconsidérément les indices de vocation que nous avions cru reconnaître en vous. Priez, attendez M. Lantiez, et croyez bien que je prie cordialement avec vous et pour vous.

            Votre ami et Père en N.S.

                                                                                             Le Prevost