Séparation de M. Halluin d'avec l'Institut. Dispositions
pour assurer au mieux la transition. "Peines, sacrifices, fatigues": autant de semences qui porteront du
fruit.
Vaugirard, 8
avril 1864
Cher Monsieur l'abbé,
Le sentiment que Monsieur l'abbé Lantiez avait rapporté, après son dernier
voyage à Arras, lui avait fait penser déjà que l'état présent de votre maison
se soutiendrait difficilement sans quelques mesures essentielles pour fortifier
le personnel et vous donner à vous-même soulagement. Nous avions prié à cette
intention durant le mois de St Joseph, vous aviez prié de votre
côté; nous pouvons espérer, après cela, que les dispositions auxquelles vous
croyez devoir vous arrêter sont selon les vues de la divine Providence et
qu'elles produiront les bons effets que nous souhaitons avec vous. J'ai, pour
ma part, cher Monsieur l'abbé, la pleine confiance que le Seigneur se servira
de vous pour achever cette œuvre, comme Il vous a choisi pour en commencer la
fondation; trop de peines, de sacrifices et de fatigues ont été généreusement
offerts pour cette création, Dieu ne laissera pas ces semences tourner en pure
perte. Voilà les pensées qui me donnent ferme espérance; je me les remets
devant l'esprit pour faire diversion au sentiment pénible que me cause notre
séparation. Tous nos frères du Conseil sont dans les mêmes dispositions et vous
pouvez compter, cher Monsieur l'abbé, sur leurs vœux et leurs plus vives
sympathies; ils garderont, comme il convient, le secret sur les arrangements
réglés par vous tant que vous ne les aurez pas vous-même mis au grand jour. Je
ne crois pas qu'il y eût inconvénient à en dire un mot à M. Guillot, quand vos
dispositions seront bien réglées. Au moment où les jeunes prêtres, qui doivent
vous assister, arriveront, l'ensemble des frères se retireront, parce qu'ils ne
sauraient peut-être pas prendre leur position dans leurs rapports avec eux.
Cependant, si M. Guillot vous était utile pour installer ces ecclésiastiques et
les aider à prendre les emplois, il pourrait rester une quinzaine de jours
après le départ des autres frères.
Je vous remercie des soins qui sont donnés au jeune Edmond [Leclerc]; lorsqu'il
pourra voyager sans danger, on pourrait le renvoyer à Vaugirard afin de vous
décharger et de faciliter aussi sa convalescence.
Notre retraite, habituellement placée en cette saison, commencera le dimanche
17 de ce mois, le soir. Je ne sais ce que vous croirez devoir faire, ni surtout
ce que l'insuffisance de vos aides vous permettra de faire à cette occasion. Si
vous croyez qu'il fût impossible d'en détacher aucun, je pourrais leur écrire
que, pour le moment, il n'y a pas moyen de les faire venir, mais que je
concerte avec vous les mesures pour leur procurer à chacun un peu de retraite
et de repos dans un temps prochain.
Adieu, cher Monsieur l'abbé, je prie Dieu de bénir vos intentions charitables
et de pourvoir à tous vos besoins par l'abondance de ses miséricordes.
Votre tout dévoué serviteur et ami en N.S.
Le Prevost
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