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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 901 - 1000 (1865 - 1866)
    • 952  à M. de Varax
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952  à M. de Varax

M. de Varax est en vacances en famille, avant de faire sa théologie à St-Sulpice. MLP. lui donne quelques conseils concernant la prière et la discipline personnelle. Place du sentiment dans sa vie de père de la famille. MLP. va s'absenter à Duclair chez sa sœur. Il a reçu une lettre de M. Chaverot: "le style, c'est l'homme."

 

Vaugirard, 23 août 1864

            Bien cher fils en N.S.,

            Je n'ai pas besoin d'un secrétaire pour vous écrire; je n'en mettrai pas bien long, sans doute, à cause des dérangements trop fréquents qui m'adviennent, mais je vous donnerai au moins de nos nouvelles, si tant est que, rien de nouveau n'étant à dire, on puisse employer ce mot.

            Tous et tout vont comme à votre départ, sans nul changement, si ce n'est le vide que fait votre absence, vide senti par le cœur surtout; ceux de Chaville me disaient à mon arrivée: Nous l'avons quitté la larme à l'œil. A Vaugirard, on avait aussi des expressions de regret: Ce n'est que pour quelques semaines, disaient-ils, oui, mais après vient le Séminaire, c'est pourquoi cette absence pèse plus qu'il n'est ordinaire, la petite en cachant une grande. Que le saint nom de Dieu soit béni! Pour moi, cher enfant, si vous voulez que j'exprime aussi mon sentiment, j'avouerai que le sacrifice m'est pénible à bien des égards, parce que je me suis fait une douce habitude de vous avoir, parce que vous aviez pris votre place à Chaville et que cette petite maison, à peine assise dans un commencement de constitution, aurait besoin de garder quelques éléments pour cimenter ses fondements, parce qu'enfin le Séminaire est bien long et qu'en y voyant entrer mes plus chers enfants, je me demande si je serai là encore quand ils en sortiront; tout cela, bien entendu, demeure à l'état de sentiment et n'est pris par la volonté qu'en mesure réglée; mais le sentiment tient sa place dans notre vie, il crie tout en se soumettant; heureusement, la pensée de Dieu domine tout, et là se retrouvent la paix et l'acquiescement.

            Je suis tout heureux des bonnes et affectueuses dispositions de tous vos vénérés parents; ce m'est une joie de vous voir aimé, parce que je sais que vous rapporterez au Seigneur ces consolations et les sanctifierez en Lui; je suis tranquille sur les effets qu'auront pour vous joies de famille, distractions des voyages et impressions des mouvements multipliés, parce que vous garderez la présence de Dieu, que vous serez fidèle à la prière et que vous aurez encore un peu de règle à travers tout, et qu'ainsi le soutien ne vous manquera pas.

            Je vous exhorte à faire tout ce que vous pourrez pour avoir une vraie saison de bains, et à ne pas oublier que c'est la fin principale de votre voyage.

            Je vais faire moi-même une pérégrination de quelques jours; une affaire importante pour les intérêts de ma sœur m'oblige, comme je l'avais prévu, à me rendre près d'elle pour une demi-semaine ou un peu plus; au retour, nous aurons ici l'adoration, après laquelle j'irai, sans doute, à Amiens.

            J'ai reçu une bonne et toute cordiale et naïve lettre de notre cher ami Chaverot, avec une petite épître aussi pour vous; il est bien vrai de dire que le style c'est l'homme; avec un peu d'étude, un œil exercé pénètre bien, dans une correspondance, le fond intime de celui qui l'a écrite.

            Eh bien! cher enfant, faites cette étude sur ma propre lettre; si vous n'y trouvez pas une tendre et paternelle affection pour vous, une bonne espérance pour votre avenir, une confiance ferme dans votre parfait attachement pour la petite famille à laquelle Dieu vous a associé, je dis que vous ne savez pas presser les mots pour en faire sortir le suc; ou plutôt, cher enfant, je ne dis pas cela, puisque cette science vous l'avez; trop quelquefois, votre pénétration vous devenant elle-même un obstacle comme la lumière excessive qui empêche de voir.

            Adieu, bien cher enfant, je continue, sans y jamais manquer, mon Ave Maria du soir à votre intention; j'en mettrai un autre à quelque instant du jour pour votre voyage, j'aurai ainsi pourvu à vos jours comme à vos nuits. Tous vous disent leurs cordiales affections; je vous embrasse pour eux et pour moi du meilleur de mon cœur.

            Votre ami et Père en N.S.

                                                                                             Le Prevost

 

            J'offre mes respects à ceux de vos vénérés parents qui ne les dédaigneraient pas; je les assure au moins de mes prières qu'ils sont trop chrétiens pour refuser.

 

 




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