Heureux dénouement de l'affaire de famille qui avait
motivé sa visite à Duclair.
Vaugirard, 9
septembre 1864
Bien chères amies,
Je bénis Dieu de l'heureuse conclusion de votre affaire; comme l'avis de cet
arrangement tardait quelque peu à m'arriver, je commençais à avoir quelques
doutes et redoutais quelques difficultés, mais tout s'est arrangé pour le
mieux; on peut espérer que telle était la volonté de Dieu, puisque vous aviez
prié et que vous ne cherchiez, en définitive, que ce qui vous paraissait être
tracé et indiqué par des dispositions providentielles. Demandez à M. le Curé
s'il pense que la signature de Madame la Supérieure seule suffit pour engager avec elle sa
communauté; je le crois, mais je n'en suis pas certain; comme elle est déjà un
peu avancée en âge, il pourrait arriver, si elle n'a pas pouvoir au nom de
toutes ses sœurs, que des difficultés se présentassent, si plus tard celles qui
lui succèderont n'agréaient point le marché; M. Bicheray, en cas de besoin,
pourrait vous éclairer à ce sujet.
Il sera bien aussi de le consulter au plus tôt sur le petit projet concernant
les intérêts à régler entre Maria et son frère; puisque vous y avez la main, il
faut mettre en ordre toutes vos petites affaires.
Mme His vous prie de faire un paquet de son lit de plume, de deux
oreillers, courtepointe, et de tout ce qui peut rester de linge, et
d'envelopper le tout avec la toile de la paillasse pour le mettre à la petite
vitesse du chemin de fer. Pour le peu de meubles qu'elle a encore, elle vous
prie de le vendre.
Nous sommes arrivés, M. Emile [Beauvais] et moi, à bon port, sans nul encombre.
M. Emile reste fort enchanté de son voyage, il vous remercie mille fois de
votre bonne et cordiale réception; pour moi, chères amies, bien que je sois tout
accoutumé à vos soins si affectueux, j'y reste toujours également sensible et
je vous en garde une sincère reconnaissance.
Offrez à M. le Curé, ainsi qu'à Mlle Baudry, mes affectueux
respects; on ne saurait porter plus loin qu'ils ne le font la bonté, la bonne
grâce et la délicatesse des procédés. Je comprends bien le désir que vous avez
de demeurer près d'eux en restant à Duclair, afin de jouir de leur société si
édifiante et si aimable, autant de temps qu'il plaira à Dieu de vous la laisser.
Adieu, bien chères amies, je prie Dieu de veiller toujours sur vous et de vous
accorder toutes les grâces spirituelles et temporelles que vous pouvez
souhaiter.
Votre ami et frère et oncle affectionné
Le Prevost
Bon souvenir à Mlle Louise, sans oublier la bonne Virginie.
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