Appel à l'union de cœur et d'âme avec M. Risse. Respect
et déférence envers le Supérieur.
[11] novembre [1864]
Bien chers amis et fils en N.S.,
Je vous adresse en commun ces quelques mots d'affectueux souvenir, n'ayant pas
assez de temps disponible en ce moment pour vous écrire à chacun en
particulier. J'ai pourtant exprimé le désir, à notre dernier Conseil
extraordinaire à Chaville, que mes rapports avec mes frères fussent plus
réguliers et plus suivis. Malheureusement, mon activité n'est pas assez grande
pour répondre à cette bonne intention. Je me console en pensant que vous
trouvez, dans la sollicitude et la cordiale affection de notre bon M. Risse,
les appuis et directions dont vous avez besoin.
Plus vous serez en intelligence avec lui, plus de force vous aurez pour vos
œuvres; plus vous aurez d'accord entre vous, plus enfin vous aurez de
contentement intérieur et d'attachement à votre vocation. Je vous invite donc
beaucoup, chers amis, à tout faire pour vivre ainsi en constante union de cœur
et d'esprit avec votre cher Supérieur. Soyez respectueux et déférents envers
lui. On oublie parfois parmi nous, dans l'intimité de famille à laquelle nous
sommes accoutumés, que le respect est un des devoirs essentiels à l'égard
de tous, surtout à l'égard de ceux que Dieu a constitués nos Supérieurs.
Lorsque vous voyez quelque bien à faire, quelques améliorations à apporter dans
la discipline, dans les services ou autrement, soumettez vos observations au
Supérieur, soit dans le Conseil de la semaine, soit particulièrement. Ne vous
rebutez pas si d'abord votre avis n'est pas goûté; soyez sûr que si votre
proposition est bonne, elle sera, après réflexion, acceptée et mise en action;
si elle est définitivement rejetée, n'en continuez pas moins à faire
cordialement tous vos efforts pour bien conduire votre œuvre. Votre soumission
déférente sera agréable à Dieu et tournera à l'avantage de toutes vos œuvres
charitables. Enfin, ne cherchez pas une indépendance entière dans vos travaux.
Il faut sans doute une certaine liberté de mouvement et quelque latitude pour
conduire les choses, mais il faut aussi déférer aux avis de ceux qui ont
l'autorité supérieure et ne pas craindre quelques observations ou blâmes sur
votre marche et vos procédés. Les Supérieurs voient l'ensemble des choses,
nous ne les voyons qu'en partie. Ils ont d'ordinaire plus
d'expérience; enfin ils ont grâce d'état, car leur autorité vient de Dieu.
Je le répète, chers amis, je n'entends pas restreindre excessivement votre
initiative. Mais je souhaite que vous laissiez aussi à l'autorité du Supérieur
ses droits et sa place. Je désire que vous joigniez au zèle pour vos œuvres
l'humble défiance de votre jugement et l'obéissance de foi qui voit dans le
Supérieur le représentant de Dieu et l'organe de sa divine volonté.
Ces observations, chers amis, sont toutes cordiales et affectueuses. je suis
sûr de votre zèle, de votre bonne volonté, de votre dévouement. Je veux que
tous ces précieux moyens arrivent à leur fin et que rien n'empêche la charité
entre vous, le bon succès de vos œuvres et la gloire qui en doit revenir à
Dieu.
Croyez, bien chers amis, à tous mes tendres sentiments en N.S.
Votre affectueux ami et Père
Le Prevost
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