M. Gauffriau, jeune prêtre de la communauté de Metz,
privilégie le ministère auprès de religieuses, au détriment de l'évangélisation des jeunes gens, "but
principal de sa vocation".
Vaugirard, 10
janvier 1865
Cher et bien bon abbé et fils en N.S.,
J'approuve entièrement votre manière de voir et d'agir vis-à-vis de notre cher
abbé Jean [Gauffriau], par rapport à son ministère à l'égard des Petites Sœurs
des Pauvres. Ce ministère offre bien des avantages et bien des consolations,
mais il ne doit s'y livrer qu'avec une certaine mesure et sans négliger en
aucune façon son autre ministère bien plus important et but principal de sa
vocation. C'est à cette évangélisation des jeunes gens qu'il doit s'appliquer
particulièrement et se former, puisque c'est celui qu'il doit avoir et
conserver toute sa vie, tandis que l'autre n'est qu'accessoire et momentané.
Dites donc cela de ma part au bon abbé Jean qui le comprendra, je n'en doute
pas; il est appelé à faire beaucoup de bien parmi les jeunes gens, s'il veut
s'en donner la peine.
J'approuve donc que vous alterniez avec l'abbé Jean pour le ministère des
Petites Sœurs et que vous y alliez toutes les fois que vous le jugerez
convenable, reconnaissant, comme vous, la nécessité de mettre obstacle à ce que
le devoir essentiel ne soit sacrifié à un ministère plus facile et plus
consolant.
Je me réjouis des bonnes nouvelles que vous me donnez de vous et de nos frères,
faites-leur à tous beaucoup de tendresses. La Communauté a, en ce
moment, beaucoup d'embarras et de difficultés, ce qui m'engage à vous demander
pour elle un redoublement de prières. Pour nous, nous n'oublierons pas la
petite communauté de Metz qui vous est si chère, comme elle vous est si
dévouée.
Recevez donc, mon bien cher ami, l'expression que j'aime tant à vous renouveler
de ma tendre affection en N.S.
Votre ami et
Père
Le Prevost
P. S. Ne soyez point arrêté, mon bien bon ami, par la crainte que quelques
sentiments naturels et propres ne se mêlent à vos justes appréhensions
concernant le ministère de notre cher abbé chez les Petites Sœurs; on serait
entravé souvent dans les mesures les plus sages si cette considération était un
obstacle à nos mouvements; il faut simplement élever son cœur à Dieu pour
purifier nos intentions et puis aller en avant.
Adieu, bien cher ami, embrassement de Père pour vous et pour tous nos frères.
L. P.
Pas de lettre jusqu'ici de His à sa mère; où donc est le cœur de cet enfant?
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