La vie communautaire et apostolique de la nouvelle
communauté d'Angers. Importance d'une solide formation
intellectuelle. Ne pas se précipiter pour obtenir une messe dominicale au
patronage. Veiller sur les dépenses du frère Moutier.
Vaugirard, 18
mai 1865
Bien cher ami et fils en N.S.,
Je trouve bien votre petit règlement provisoire; je souligne ce mot
parce qu'il n'a été fait aucune place dans vos exercices aux études, soit
chrétiennes et religieuses, soit de science usuelle pour les rapports
extérieurs; il faudra nécessairement y pourvoir, tous vos frères, fort jeunes,
ayant un grand besoin de culture.
J'écris un mot à M. Chesneau373 pour le prier de vous laisser au moins
une après-midi libre par semaine, j'espère qu'il l'accordera.
Je le prie aussi de régler avec Mgr vos petits intérêts financiers,
ayant répugnance à en parler moi-même au vénéré Prélat; ces matières veulent
toujours un peu de délicatesse, étant inférieures par nature.
Mgr insiste beaucoup dans toutes ses lettres pour que vous donniez
de grands soins aux enfants de la
Psallette, afin de les rendre pieux, modestes, de bonne tenue
à l'église surtout; il y attache une très haute importance et m'en parle en
toute occasion.
Notre Conseil vous recommande avec une vive instance de ne pas faire de
changements, dans les premiers temps, et surtout de ne pas laisser percer
présentement votre volonté, peut-être un peu ardente, d'avoir une messe au
Patronage le dimanche. Messieurs les Curés seront à cela très opposés; vous
pouvez, par là, vous susciter, dès l'abord, des défiances et des oppositions;
allez donc bien prudemment, gardez ce désir pour vous et pour Dieu, je vous le
demande instamment. Pour la congrégation et sa messe, prenez l'avis de Mgr
et de M. Bompois et ne leur faites pas prendre la vôtre. Si vous devez
avoir le soin de cette congrégation, assistez d'abord à ses réunions chez les
Pères, et suivez le règlement et les usages et pratiques adoptés par eux.
Veillez à ce que M. Moutier, de son côté, tende de toutes ses forces à suivre
le règlement et les traditions faites par M. Leboucher. M. Maignen assure que
les jeunes gens y sont fort attachés et que le meilleur moyen de leur rendre
l'œuvre aimable est de tendre à cela fortement.
M. Moutier est dépensier et manque d'ordre, absolument comme M. Maignen; malgré
un don de mille francs fait par la
Société de St-Vincent de Paul, et bien que M.
Planchat ait payé une partie de ses dettes, il laisse encore un déficit après
lui de 600f
, dont 400f
pris sur la Caisse
d'épargne. Tâchez qu'il n'ait point cette caisse, s'il y en a une, et qu'il
laisse à ces Messieurs du Conseil toute l'administration financière, afin qu'il
ne s'engage pas dans des dépenses dont la charge nous reste, comme à Ste-Anne.
L'ordre est une qualité dont il faut tâcher de lui faire comprendre la
nécessité.
J'écris en très grande hâte, sèchement conséquemment, mais sous cette
précipitation que l'heure me commande, se trouve toujours ma tendre affection
pour vous tous et mon désir de vous voir bons, saints et agréables à Dieu.
Votre ami et Père en N.S.
Le Prevost
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