1003  à M. Chaverot

La famille de M. Chaverot est mieux disposée vis-à-vis de sa vocation.

Chaville, 20 juin 1865

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            Bénissons Dieu qui a ménagé à votre chère famille la consolation des pieuses et rassurantes dispositions de votre frère dont il lui fallait se séparer; se quitter ainsi pour des chrétiens, c'est comme pour une absence temporaire; on s'éloigne en disant: Au revoir. Comment donc les hommes, en rejetant la foi, peuvent-ils follement se priver de tout ce qu'elle apporte d'adoucissement à nos peines, comme de sécurité à nos joies! Gardons la meilleure part qui nous a été donnée, en la souhaitant à tous ceux qui en sont déshérités.

            Votre voyage aura encore dénoué quelques-unes des difficultés qui entouraient votre vocation et, chemin faisant, vous aurez encore concouru à tourner une pauvre âme ignorante vers le bon et droit chemin; comme la Providence est sage et habile dans ses voies! En vérité, si on ne se retenait, on arrêterait les passants en leur criant: "Mon frère, si vous n'êtes chrétien, hâtez-vous de le devenir". Crions ainsi devant Dieu, ce ne sera pas peine perdue, car, d'autre façon, ce serait trop souvent crier dans le désert.

            Je pense que vous et M. de Varax, vous faites quelque petit acte de dévotion en l'honneur du Sacré Cœur ce mois-ci; si vous n'aviez pas de petit livre, il nous en reste à Vaugirard quelques-uns, on vous en enverrait deux.

            Je vous embrasse tendrement l'un et l'autre.

            Votre ami et Père dans les Cœurs de J. et de M.

                                                                                             Le Prevost

            Je suis peu fort, mais un peu moins souffrant.