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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 1001 - 1100 (1865 - 1866)
    • 1014  à M. Planchat
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1014  à M. Planchat

Les difficultés à Grenelle. Il manque les conditions pour faire le bien. Face au zèle de M. Planchat pour l'œuvre de Charonne, MLP. l'invite à la patience. "Les œuvres chrétiennes donnent du fruit par la patience", vertu pratiquée par MLP. vis-à-vis de la SSVP.

 

Allevard, 8 août 1865

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            Je n'ai point encore répondu à votre bonne et cordiale lettre, d'une date déjà de plusieurs jours; j'en avais néanmoins l'intention et, chose peu croyable dans ma position, le temps surtout m'a manqué pour la réaliser. Je n'en ai pas beaucoup encore aujourd'hui; je veux au moins vous écrire quelques lignes pour répondre aux points les plus essentiels de votre lettre.

            Je ne vois guère, pour subvenir à la petite dette dont vous me parlez concernant les calorifères, qu'une quête ou des petits billets à 10 ou 25 centimes; mais ces derniers lasseront tout votre monde et vous empêcheront de recourir à la charité de vos connaissances pour des choses plus essentielles; il faudrait d'ailleurs un prétexte à cette émission de petites feuilles et on ne voit guère celui qu'on pourrait imaginer.

            Quant à notre établissement à Ste-Anne, l'obstacle que vous signalez humblement dans les quelques imperfections de votre manière habituelle de procéder n'est que le moindre de tous et le plus facile, sans doute, à surmonter, puisque vous y travaillez avec une constante et chrétienne bonne volonté. Mais il en existe plusieurs autres qui demandent de notre part un peu d'attente et de circonspection prudente; c'est, avant tout, l'insuffisance de notre personnel pour fonder à Ste-Anne un établissement un peu consistant et donnant confiance. C'est aussi la disposition présente de l'Archevêché qui veut être mieux comprise et définie avant qu'il nous soit permis d'avancer. A quoi bon, en effet, créer à Paris des institutions multipliées, si on nous y refuse les conditions les plus essentielles pour faire le bien: un peu de liberté, un peu d'estime, un peu d'encouragement; tout cela manque à Grenelle et pourra éventuellement nous manquer ailleurs, si nous sommes abandonnés à l'arbitraire de MM. les Curés, même de MM. les Vicaires, sans aucune défense ni garantie. Si les Frères des Ecoles devaient établir leurs maisons dans de pareilles condi-tions, les ouvriraient-ils?

            Nous en pouvons dire autant et plus encore du côté de la Société de St-Vincent de Paul, car, de cette part, on trouverait encore moins de sûretés, l'expérience, la haute raison, la stabilité étant en moindre proportion. Peut-on asseoir des fondations, si modestes qu'on les suppose, sur un sol si peu solide; le Seigneur lui-même traite d'insensés ceux qui posent sur le sable les fondements de leur maison; vous verrez cette parabole rendue en peinture sous le porche de St-Germain l'Auxerrois.

            Voilà pourquoi, bien cher ami, sans rejeter vos vœux si légitimes pour une assiette meilleure et moins incommode de notre œuvre à Ste-Anne, je crois qu'il faut un peu patienter encore, laisser les nuages se dissiper et le Ciel s'éclaircir; mais, vous le savez, rien n'est persistant en ce monde; quand le temps est sombre et que vient la pluie, il semble qu'elle durera toujours; mais bientôt le vent change, balaie les vapeurs et le soleil reparaît; patientons un peu; les œuvres chrétiennes donnent du fruit par la patience; prions, confions-nous en Dieu, adorons sa divine Sagesse, Il nous montrera combien ses desseins étaient adorables et miséricordieux.

            Offrez à l'occasion mes respectueux sentiments à votre bien bon Curé; je suis tout consolé par sa bienveillance, mais hélas! celle de M. le Curé de Grenelle n'était pas moindre autrefois, nous avons tout fait pour la conserver et pourtant aujourd'hui, et depuis des années, quelle guerre implacable ne nous a-t-il pas fait?

            J'aimerais à continuer cette lettre, cher ami, à vous parler un peu de vous, de nous, de Dieu surtout pour qui nous sommes uniquement, pour qui nous voulons seulement agir, travailler; mais je veux que cette lettre ne soit pas plus longtemps retardée, je la clos donc ici.

Je viens de recevoir une lettre de notre cher M. de Varax; il m'écrit de N.D. des Hermites et touche au terme de son voyage; sa lettre, comme toujours, est pleine de tendres sentiments pour toute la petite famille; je crois que Dieu nous donne en lui et en M. Chaverot une double et heureuse espérance.

 

            Adieu, bien cher ami, renouvelez à tous nos ff. mes affectueux sentiments et prenez-en pour vous une large part. Mille respects, à l'occasion, à votre si bonne mère; donnez-moi de ses nouvelles si vous m'écrivez.

            Votre ami et Père

                                                                                             Le Prevost

 

            P. S. J'ai écrit hier à M. Lantiez au sujet du projet d'école payante à Arras, je lui dis mes répugnances pour cet arrangement. Je montre qu'on peut occuper bien utilement, bien charitablement les ff. sans prendre un emploi que la Communauté ne s'est pas crue appelée jusqu'ici à remplir. Je cite diverses œuvres de charité qu'on pourrait faire, mais il en est une meilleure que toutes les autres que j'ai omise, qu'on pourrait aisément, sous les auspices et avec les appuis de Mgr d'Arras, entreprendre: c'est une œuvre de première communion proportionnée, pour les formes qu'on lui donnerait, au personnel, aux ressources, au temps qu'on y pourrait consacrer. Suggérez cette idée à nos MM., afin qu'ils la mûrissent et la fassent, s'il y a lieu, goûter à M. Laroche375.

                                                                                             L.P.

 

 





375 L'abbé Laroche était directeur de l'œuvre du Coclipas, à Arras (école et patronage). L'évêque d'Arras était désireux de voir la Congrégation prendre la direction de cette Œuvre. L'Institut laissera le Coclipas en août 1867 pour y revenir en octobre 1896.





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