1029  à M. de Varax

A propos d'une maladie de la mère de M. de Varax. Nouvelles de M. Charrin et d'un Confrère.

Duclair, 7 septembre 1865

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            Je bénis Dieu, avant toute autre pensée, de ce qu'Il a daigné tirer votre bien bonne et bien-aimée mère du danger momentané qu'elle a couru; Il sait combien elle est nécessaire à votre excellent père et combien utile elle est aussi pour toute votre famille, il la gardera à votre affection et se contentera de vous avoir rappelé par cette épreuve quel grand don Il fait à une famille en y préposant une mère tendre, dévouée, sage et chrétienne; quel trésor, en effet! on n'y pense pas toujours assez. Je crois que vous devez rester près d'elle tant que votre présence peut être utile à elle et à M. votre père. Si, contre votre attente, sa convalescence à Lyon se prolongeait beaucoup, peut-être M. votre frère, après avoir séjourné un temps à Montcoy, pourrait revenir pour vous remplacer; allons au jour le jour, le Seigneur nous dira, à point convenable, sa sainte volonté; je suis heureux de vous savoir, en ces conjonctures, aux pieds de N.D. de Fourvière. Il y a bien peu de temps, nous y étions nous-mêmes, M. Paillé et moi, en compagnie de notre ami, M. Charrin; nous y avons prié de notre mieux; peut-être préparions-nous aussi votre venue et quelque adoucissement à l'épreuve douloureuse que devait bientôt subir votre bonne mère; j'aime à le penser. M. Charrin n'est pas, je crois, à Lyon, mais à Meyzieu (si je ne me trompe), à la campagne de son père. Toutefois, il va et vient et doit se trouver de temps en temps à la ville. Je crois qu'il serait bien heureux de vous voir. Vous pourriez passer Place de la Miséricorde, chez M. Lodoix-Girard, notre ami commun, Président de S^t-Vincent de Paul, lequel avertirait d'une façon ou d'une autre M. Charrin de votre présence. M. Girard demeure chez son père, négociant en gros de denrées coloniales; il y tient la caisse. J'ai vu son père aux eaux d'Allevard, homme fort chrétien qui nous a montré beaucoup d'amitié. Son fils, fort infirme, marchant avec deux béquilles, est d'une volonté si ardente, d'un zèle si charitable, qu'il est l'âme des Conférences et surmonte merveilleusement les difficultés que lui crée sa faiblesse physique; il avait pensé à s'adjoindre à nous et a fait dans le temps une retraite à cette intention, mais il n'eût pas trouvé assez de ménagements chez nous pour sa constitution débile. Il nous est fort dévoué. Je crois qu'il demeure au n° 2, sans certitude, mais la maison de son père est fort connue.

     Je vous ai écrit ces jours-ci à Montcoy, pensant que vous y arriveriez le 5; priez M. votre frère de vous renvoyer la lettre, peu longue d'ailleurs.

            Je retourne demain 8 à Vaugirard, un peu remis par les quelques jours passés ici et meilleurs pour ma santé, je crois, que tout mon séjour aux eaux.

Eglise de CAUDEBEC – en - CAUX          

J'ai reçu une bonne lettre ces jours-ci de M. Chaverot; sa position est acceptée par sa famille, non sans quelque regret; qu'on a de peine de nos jours à faire pleinement un sacrifice à Dieu! Il paiera néanmoins ces demi-consentements, ces oblations faites d'une main et retenues de l'autre; puissions-nous, nous autres au moins, offrir la victime de tout et plein cœur.

            Je vous dis adieu, bien cher enfant; assurez votre bonne mère, si vous le croyez bon, que je me souviendrai d'elle au S^t Sacrifice; croyez à mes tendres sentiments d'ami et de Père en N.S.

                                                      Le Prevost

Tout le monde à Duclair, y compris le bon Curé, garde aimable souvenir de votre apparition de l'an dernier; je suis allé hier visiter S^t-Georges [de Boscherville] en pensant à vous; on me dit que vous avez assez près de chez vous l'ancienne abbaye de Vézelay, belle entre toutes. Avez-vous écrit à M. Chaverot?