Voyage de M. de Varax. Envoi de plusieurs frères à Arras.
Vaugirard, 18
septembre 1865
Bien cher ami et fils en N.S.,
J'ai perdu tout à fait vos traces et je ne sais plus où vous trouver, à Lyon, à
Montcoy ou ailleurs; je ne sais à quelle supposition m'arrêter. Vous êtes si
fidèle, si prévenant dans les correspondances qu'un silence un peu
plus long que de coutume me laisse une ombre d'inquiétude; je crois, il est
vrai, que vous m'avez écrit le dernier, mais vous ne comptez pas. J'ai bien
pensé au voyage que vous aviez dit faire avec votre bonne mère convalescente,
mais le voyage de Lyon à Montcoy n'est pas bien long; enfin, je cherche sans
trouver; votre bonne mère aurait-elle eu quelque rechute ou vous-même
seriez-vous souffrant? J'espère que non, vous me l'auriez fait savoir. Avec
deux lignes que vous allez me faire vite, toutes ces obscurités vont se
dissiper; comme nous avons besoin de lumière et comme les ténèbres nous font
bientôt peur!
Demain, fête de N.D. de la
Salette; vous serez avec nous en esprit et vous serez aussi
dans le souvenir affectueux de tous, c'est une double présence, il en manquera
pourtant une troisième qui sera sentie. Nos jeunes Séminaristes [A. Leclerc,
Pattinote et Boiry] y étrenneront leurs soutanes que j'ai bénies hier. Il y en
a une de plus que vous ne pensiez; Ad. Lainé, obligé d'aller à Arras avec M.
Victor [Trousseau] pour aider M. Laroche au patronage (le dimanche), prend
aussi l'habit ecclésiastique. M. Victor sera tonsuré à son arrivée à Arras,
après la retraite qu'il y va suivre; tous ces arrangements ont l'agrément de Mgr
d'Arras; nous avons été si vivement pressés par ses invitations bienveillantes
et par les instances vives, réitérées de M. Laroche que nous avons dû nous y
rendre. M. Victor a d'ailleurs incliné pour lui à ce parti, craignant un peu la
vie trop soutenue et serrée d'Issy. Ce n'est, du reste, qu'un essai qui ne
préjuge que faiblement pour l'avenir.
Je crois que M. Chaverot arrivera pour la retraite ou au plus tard le 25. M. Risse arrive, je
pense, aujourd'hui; M. d'Arbois a désiré venir lui-même, il sera ici le 25 avec
M. Moutier, peut-être aussi Alexandre [Legrand].
Avez-vous vu M. Charrin? Nous attendons pour la retraite un bon jeune homme de
Nantes [M. Hubert], ami de MM. Audrin et Charles Jouin.
Adieu, bien cher ami, je ne veux pas aujourd'hui vous écrire, le temps me
manque; j'ai en vue seulement de provoquer une lettre de vous.
Nous prierons demain pour les intentions que vous m'avez recommandées.
Votre ami et Père bien affectionné en J. et M.
Le Prevost
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