1045  à M. Caille

Motifs de ne pas admettre au postulat. A Vaugirard, la St-Clément a été célébrée très aimablement, mais il faut simplifier le mouvement extérieur des Œuvres.

Vaugirard, 28 novembre 1865

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            Les renseignements que j'ai recueillis concernant M. Beldame ne sont pas, en ensemble, tels que nous pourrions les souhaiter. Ceux qui l'ont suivi de près s'accordent à ne le pas juger propre au sacerdoce: peu de constance, peu de jugement, une certaine suffisance et pas assez d'élévation de cœur. Il me semble que dans ces termes, il n'aurait même pas ce que nous avons droit de demander dans un frère laïc, qu'en conséquence il vaut mieux pour nous ne pas l'attacher à notre Communauté. Il se peut que la plupart des défauts signalés en lui viennent de la jeunesse et de l'inexpérience et puissent, en une certaine mesure, se corriger, mais il y a trop de chances défavorables à courir et nous ne saurions prudemment prendre sur nous ce que les hommes plus éclairés que nous n'ont pas consenti à accepter.

            J'ai vu avec plaisir les détails que vous me transmettez sur votre maison et sur vos œuvres; j'allais vous écrire, trouvant que vous tardiez trop à nous donner de vos nouvelles. J'ai dit quelques mots de bon souvenir de votre part à tous, à M. Myionnet à l'occasion de sa fête, sachant bien que je répondais ainsi à vos intentions; nous l'avons célébrée le 23 [S^t-Clément] très aimablement; tous les ff. de Paris étaient réunis à Vaugirard, c'était une bonne réunion de famille. Ces fêtes sont rares à Vaugirard et je tends à les éloigner de plus en plus l'une de l'autre, parce que les solennités à grand mouvement sont, à mon gré, bien trop multipliées dans nos patronages; je veux prêcher d'exemple en les réduisant au seul nécessaire dans les maisons où je puis exercer une influence directe. A mon sens, cette activité tout extérieure cause un grand préjudice à l'action morale et religieuse, quand une juste mesure n'est pas gardée.

            Je vais écrire quelques lignes de réponse polie à la lettre de M. Beldame.

            J'accueille avec joie l'espérance que vous nous donnez d'un prochain voyage à Paris de votre part; malheureusement, nous vous voyons bien en hâte quand vous apparaissez au milieu de nous.

            M. Antoine [Emes], chargé de la lingerie, m'a remis les deux chemises réclamées par notre f. Mitouard; dois-je vous les envoyer exprès, ou bien les prendrez-vous à votre voyage à Paris?

            Vous n'avez point oublié la rénovation des vœux au jour de la Présentation et vous en avez fait une fête aimable pour vos frères; nous étions, de notre côté, en union avec vous; ce jour nous a laissé aussi à tous un bon souvenir; ceux qui viennent des solennités religieuses ou des choses de piété sont les meilleurs et les plus profonds.

            Adieu, mon bien bon ami, ne tardez point à nous donner de vos nouvelles; que M. Marcaire nous écrive quand vous êtes trop pressé pour le faire.

            J'embrasse vous et nos frères bien cordialement en N.S.

                                                                                                Le Prevost