A quelle condition il serait possible de revenir sur le
refus opposé à M. Beldame (cf. lettre 1046).
Vaugirard, 6 décembre 1865
Bien cher ami et fils en N.S.,
Le r.p. Eustache, franciscain, m'écrit la lettre ci-jointe concernant M.
Beldame. Quelque avantageuse qu'elle soit à ce jeune homme, elle ne détruit pas
la valeur des renseignements que j'ai reçus et qui, sans atteindre sa moralité,
s'accordent néanmoins à mettre en doute sa vocation au sacerdoce. Comme on peut
alléguer, en définitive, que l'expérience et les épreuves ont force pour
corriger la légèreté et le jugement, je désire que vous consultiez ceux de
Messieurs les Vicaires Généraux d'Amiens qui peuvent connaître M. Beldame et
que vous leur demandiez si on nous conseillerait de lui donner des espérances pour
son admission après qu'il serait ordonné, et si Mgr consentirait à
le faire avancer dans les ordres à Amiens, et enfin s'il consentirait à lui
donner asile à cette fin dans son Séminaire. Si toutes ces demandes recevaient
une réponse satisfaisante, peut-être y aurait-il lieu d'essayer et de voir ce
qu'il y a réellement comme fond solide en ce jeune homme. Cependant, si vous et
nos frères n'aviez point gardé une bonne impression vous-mêmes du séjour qu'il
a fait au milieu de vous, il n'y aurait qu'à s'en tenir purement et simplement
à la décision que je vous ai donnée précédemment, sans pousser plus loin les
recherches. Je serai bien aise que vous me disiez votre sentiment personnel et
celui de nos frères sur M. Beldame; on m'assure qu'il a l'extérieur et les
manières très engageants, mais il faut avec cela un fond réel de vertu et
d'abnégation; en avez-vous saisi quelques signes?
Je me borne à écrire au r.p. Eustache que je vous ai invité à prendre à ce
sujet l'avis des personnes graves qui vous entourent, sans donner aucune autre
explication; tenez-vous dans la même réserve pour ne point mettre en gêne les
personnes que vous auriez à consulter.
Croyez, comme toujours, bien cher ami et fils, à tous mes sentiments de tendre
affection en N.S. pour vous et pour nos ff. d'Amiens.
Votre ami et Père
Le Prevost
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