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Jean-Léon Le Prevost Lettres IntraText CT - Lecture du Texte |
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28 à M. LevassorSuites des démarches pour l'emploi proposé à M. Levassor. Activités charitables de MLP. Il confie à Dieu son ultime espoir quant à leur association.
Le retard qu'a souffert notre correspondance, mon cher ami, ne tient à aucune raison de négligence, ainsi que votre ingénieuse charité vous l'a fait d'avance présumer, mais simplement à cette persuasion où j'étais que vous deviez passer ici aux derniers jours de septembre. J'imaginais que c'était en allant à Rouen et non à votre retour que vous traverseriez Paris. Si je ne me trompe, votre lettre m'avait d'abord présenté ainsi la chose; dès lors il me paraissait inutile de vous écrire à la veille de votre arrivée. Je me réservais de répondre verbalement aux diverses questions que vous m'aviez adressées et je m'étais mis en mesure pour cela. Votre dernière ne me prend donc point en faute ni au dépourvu; si ma réponse n'est point partie poste pour poste, afin de vous trouver encore à Chartres, c'est qu'il m'a été impossible hier d'obtenir l'adresse de Mme Delatre. Mme Pianet m'a prié de retourner pour cela aujourd'hui chez elle et m'a mis ainsi en retard obligé d'un jour. M. Gardet que j'ai questionné de nouveau, selon votre désir, sur la nature des occupations qu'il offrait de vous procurer, m'a répondu qu'il n'avait aucune donnée précise à cet égard, qu'il présumait seulement, d'après les propres paroles que lui avait transmises son père, que ces occupations étaient douces et faciles; peut-être pourrait-on présumer que ce sont quelques affaires de palais; il attend, du reste, votre réponse impatiemment pour donner lui-même décidément la sienne. Il m'a répété que de temps en temps d'autres affaires lui étaient offertes encore, qu'il les refusait d'ordinaire à cause de sa répugnance pour la pratique, mais qu'il vous les transmettrait si vous vouliez y donner vous-même quelque peu de votre temps. Il pourrait vous sembler singulier que M. Gardet n'eût pas pris de renseignements plus précis sur le sujet dont il s'agit; voilà l'explication qu'il m'a donnée sur ce point: le greffier qui a fait offre pour lui à son père est un ancien ami de sa famille qui lui a montré à lui personnellement beaucoup de bienveillance durant son enfance, mais dont ses occupations l'ont éloigné depuis plusieurs années; or, économe comme il l'est de son temps, M. Gardet ne voudrait pas renouer avec le greffier en question ni reprendre des relations qui l'obligeraient ensuite à un commerce suivi, si ces relations ne doivent être profitables à lui ou à vous. Ainsi, si votre réponse est affirmative, il ira voir le greffier, si elle est négative il le fera remercier obligeamment par son père et se tiendra coi lui-même. Tâchez de vous contenter de cela. Je n'avais point négligé non plus l'affaire des loyers, bien que je ne comprisse pas pour quelle raison vous désiriez que le vôtre fut payé si longtemps avant la fin du terme. Je suis passé chez votre portière pour lui remettre l'argent, le propriétaire était pour quelques jours à la campagne et n'avait point laissé la quittance, à son retour on devait me l'apporter et en toucher le montant. On n'est pas venu, j'y repasserai. Je n'ai point vu depuis quelques jours Mme Meslin, je la verrai aussi avant l'échéance du terme. Il m'a fallu lui donner jusqu'ici 25f pour vivre, mais elle m'a promis que durant tout le mois d'octobre, grâce à la générosité de votre frère, elle n'aurait point besoin de recourir à votre bonté. La bonne Mme Dorne me vient voir de temps en temps, elle a été bien des semaines sans travail, mais enfin elle en a maintenant. De plus je lui ai procuré un petit ménage de 8f par mois qui l'aide un peu. Le jeune artiste ne m'a point remis jusqu'ici les 10f qui doivent subvenir à son loyer. J'éprouvais quelque répugnance à l'aller voir tout exprès pour lui demander cet argent, mais si vous le jugez bon j'irai. Vous me direz cela dans votre réponse. Il me resterait à répondre à toutes les bonnes et graves choses que contient votre lettre d'hier, mais outre que l'espace me manque, je craindrais qu'une matière aussi sérieuse ne vînt mal à point au milieu d'une noce, je me borne donc pour vous tranquilliser au moins de ce côté, à vous dire, mon bien cher ami, que je n'entendrais nullement que votre association avec moi pût vous priver d'aucun avantage à venir, encore moins vous empêchât de réaliser quelque résolution sainte, qu'en tous les cas les choses s'arrangeraient entre nous devant Dieu, selon la charité et la justice et avec d'autant moins de peine, je l'espère, que les sentiments si affectueux qui nous unissent rendraient de part et d'autre les sacrifices doux et faciles. Ayez donc, mon cher Adolphe, l'esprit en repos pour tout ce qui me concerne, je désire bien sincèrement en devenant votre associé, ne pas cesser d'être en même temps votre ami et votre frère. Ces titres réunis sauront tout aplanir et concilier entre nous, j'en ai la pleine conviction. Adieu, à bientôt, je vous embrasse cordialement et suis tout à vous en J.C. Le Prevost
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