1062  à M. Trousseau

Encouragement devant la surcharge d'occupations; épreuves qui en résultent surout à Arras. Dévotion à st Joseph.

Vaugirard, 1^er mars 1866

            Bien cher enfant en N.S.,

            Je vous envoie les litanies de S^t Joseph que vous m'avez demandées. J'aurais voulu, comme vous le souhaitiez, vous écrire en même temps un peu à l'aise, mais nous sommes en ce moment si fort en presse par la multitude de nos travaux que nous n'y subvenons qu'imparfaitement. L'absence de M. Laroche, les charges extraordinaires qu'elle fait peser sur vous, pauvres jeunes gens bien peu forts pour un si lourd fardeau, nous touche vivement; mais ces épreuves sont de Dieu, elles tourneront donc à bien; elles auront pour effet aussi de vous rendre plus utile à M. Laroche si, comme je l'espère, vous appuyant sur le Seigneur seul et bien défiant de vous-même, vous arrivez à remplacer, sans trop d'inconvénients, le chef de la communauté; il se sentira ainsi moins chargé, s'il peut parfois être suppléé sans que les choses souffrent sensiblement; c'est à la longue une grande difficulté d'être seul dans une œuvre, car il n'y a ni repos, ni relâche possibles. Mais, pour qu'il en puisse advenir ainsi, il faut être bien humble, bien patient, prudent et circonspect en même temps, c'est beaucoup demander de votre âge; mais si Dieu est là, rien n'est impossible; l'important, c'est qu'Il y soit. Il y sera si on le cherche et qu'on s'oublie soi-même.

            M. Laroche m'a écrit qu'il avait été content et que rien n'avait été mal jusqu'ici; ayons bonne confiance, cette petite épreuve aura sa fin. Je lui écris un mot aujourd'hui à Calais, où il me dit qu'il va séjourner quelques jours.

            Voilà le mois de S^t Joseph, il va vous aider; il le fait déjà, puisque cette bonne famille Laroche, inspirée assurément par lui, se montre si aimablement attentive pour vous; que Dieu daigne la bénir et la récompenser!

            Adieu, bien cher enfant, je vous embrasse bien affectueusement en N.S.

                                                                                             Le Prevost

            P. S. J'avais écrit à M. Brice de revenir ici, mais il m'écrit qu'il est depuis quelques jours beaucoup plus souffrant; suivez-le un peu des yeux, pour qu'il ne soit pas tout à fait délaissé.