Les suites du rappel de M. Beldame. Difficultés du
support mutuel; pénurie de personnel. Offre de subsides.
Vaugirard, 20 avril 1866
Bien cher ami et fils en N.S.,
Nous souffrons profondément de l'épreuve que vous traversez et nous demandons à
Dieu de vous assister, de vous soutenir et d'alléger votre peine. Nous avons
bonne confiance qu'il ne sortira que du bien de cette croix, comme il arrive
toujours de celles qui viennent de la main du Seigneur. Hier, nous étions en
pèlerinage à St Vincent de Paul; j'ai pu monter jusqu'aux reliques
de notre saint patron et j'y ai prié tout particulièrement pour vous.
Je ne vous dis rien de la difficulté que vous avez eue à vous accommoder des
services de M. Joseph [Beldame], c'est là une de ces entraves que notre
faiblesse humaine nous suscite; nous ne savons pas nous pénétrer, nous
comprendre, nous ajuster les uns aux autres, et nous nous privons ainsi de
l'aide que nous trouverions dans l'accord et dans l'association de nos forces.
Ceci n'est pas un reproche, c'est une réflexion générale qui tombe sur notre
infirmité et dont je prends ma part tout le premier. Vous ne m'avez point dit
si M. Joseph s'est rendu chez M. Caille, comme je l'y ai invité. Comme il ne
m'a pas écrit, je serais bien aise de le savoir; priez M. Adolphe [Lainé] de me
le dire, si vous ne pouvez me l'écrire vous-même. Vous êtes mieux à même que M.
Laroche, connaissant mieux notre personnel, de comprendre l'impossibilité
absolue où nous étions d'éloigner aucun de nos ecclésiastiques d'ici, puisqu'il
n'en est aucun qui n'ait des emplois qui ne peuvent être délaissés. En offrant
d'envoyer M. Faÿ, si M. Laroche pouvait seulement venir à Chaville donner la messe
et garder la chapelle, nous faisions un sacrifice qui eût mis en souffrance,
non seulement tout ce qui se fait à Chaville, mais encore tous les services
dont M. Faÿ s'occupe ici dans les jours qu'il y passe pour remplacer M.
Lantiez, retenu alors à Grenelle. M. Laroche n'a pu se rendre compte de ces
difficultés que vous aurez entrevues sans doute.
M. Caille vient de nous écrire que le bon ecclésiastique qui loge au Petit-St-Jean
et qui n'est pas sans mérites consentirait à aller près de vous pendant 3 ou 4
semaines, sans s'engager précisément à y rester ensuite. Je pense qu'il
voudrait essayer, avant de s'engager. S'il vous convenait, ou bien si vous en
trouviez un autre qui pût faire vos services moyennant une indemnité, la Communauté, ici, quoique
bien lourdement chargée, contribuerait volontiers à cette dépense pour 300f, comprenant que vos
difficultés de position peuvent être accrues par la nécessité de faire des
sacrifices pécuniaires trop lourds pour vos ressources ordinaires. Dites cette offre
à M. Laroche; comme il ne s'agit, après tout, que d'un concours de quelques
mois demandé par vous à un ecclésiastique, il se pourrait que l'embarras pût
être levé par un petit subside pécuniaire.
Notre retraite commence dimanche au soir, 22. Nous n'y oublierons, ni la santé
de M. Laroche, ni vos fatigues, ni vos difficultés de toutes sortes; priez
aussi un peu pour que nous tirions grand fruit de nos saints exercices.
Adieu, bien cher enfant, croyez à tous les sentiments tendrement dévoués de
Votre ami et Père
Le Prevost
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