1084  à M. Trousseau

Première communion des enfants d'Arras. Comment ménager la susceptibilité de MM. les Curés, sans nuire à l'ordre de la maison. Changement de personnel.

Vaugirard, 8 mai 1866

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            Nous nous sommes entretenus de la question de la première communion à faire à l'intérieur. Nos ff. du Conseil pensent que, si l'on prévoit que MM. les Curés voient cette disposition avec mécontentement, il y aurait inconvénient à les indisposer contre vous au commencement d'un établissement et quand vos petites tribulations du moment vous rendent la bienveillance de votre entourage plus désirable. Il y aurait lieu toutefois d'examiner la question de très près si vos élèves, faisant leur première communion dehors, devaient la faire, non tous ensemble et dans une même paroisse, mais dans leurs paroisses respectives, c'est-à-dire les uns à certain moment, les autres à un autre moment; il est évident qu'en ce dernier cas, il y aurait pour vos classes une cause de dérangement et de désordre qui pourrait avoir sa gravité. Pesez ces deux considérations; elles nous ont paru les plus propres à motiver votre décision en un sens ou un autre. Si vous en avez d'autres de quelque valeur, elles peuvent entrer aussi dans la balance. Enfin, puisque M^gr Lequette, le nouvel évêque, est très bien veillant pour M. Laroche, il serait bien, en cas de doute sérieux, de prendre son avis.

            J'espère que M. Guillot pourra vous arriver à la fin de cette semaine; il avait, depuis la retraite et à raison de l'envoi de M. Ladouce à Angers, été obligé de prendre ici une petite classe; il faut le remplacer et faire un remaniement dans le personnel d'autres classes; tous ces mouvements, dont vous comprenez les inconvénients, ne se peuvent faire qu'avec quelques jours qui ménagent les transitions.

            Nous espérons que le beau temps, qui semble nous arriver, contribuera bientôt à redonner un peu d'amélioration à la santé de M. Laroche. Nous avons appris avec plaisir qu'il a trouvé une petite demeure au bord de la mer; nous prions tous les jours pour lui et aussi pour vous, cher ami, afin que Dieu porte vos charges avec vous et vous les rende profitables.

            Tous nos ff. vont assez bien; tous vous assurent avec moi de leur tendre affection en NSJC.

                                                                                             Le Prevost