1089  à M. de Varax

Félicitations pour son ordination au sous-diaconat. Union de prières.

Vaugirard, 28 mai 1866

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            Vous aurez bien compris tous les deux, vous et M. Chaverot, qu'absent corporellement de l'ordination, j'y étais plus que personne par la volonté et la pensée; le samedi est pris tout entier pour moi et, si une heure se trouve libre, mes mouvements sont lents, une heure ne me suffit pas pour changer de place. Heureusement, la pensée franchit les espaces et les murailles; j'ai donc pénétré jusqu'à vous, je vous ai vus, j'ai prié près de vous et, tout en même temps, je priais à la chapelle de N.D. de la Salette. Tous nos frères m'ont dit vos saintes joies; M. Lantiez a trouvé toutefois que vous sembliez être très fatigué. C'est particulièrement afin que vous m'écriviez un mot qui me donne de vos nouvelles que je fais ces lignes. Je crains qu'à raison de la Fête-Dieu jeudi, votre sortie soit avancée et placée à demain mardi; je ne serai pas demain à Vaugirard. M. Paillé m'emmène pour une excursion; mais ce ne serait, ni pour vous ni pour notre cher M. Chaverot, une raison de n'y pas venir, nos frères seront si heureux de vous voir l'un et l'autre!

            Je ne vous dis rien des joies de l'ordination; ces choses sont plus grandes que la parole; on sent, on aime, on bénit Dieu, c'est tout; on préfère ne rien dire, cela répond mieux à l'infini qu'on a dans le cœur.        

            J'ai aperçu aux mains de M. l'abbé Leclerc le premier volume de l'Intérieur de la Sainte Vierge; je suis heureux que vous ayez l'espoir de l'avoir bientôt entre vos mains, ce sera une douce pâture pour vos vacances.

            Adieu, bien cher ami, offrez, si vous le trouvez à propos, mon respect à Madame votre mère; partagez avec M. Chaverot mes sentiments les plus tendres et les plus dévoués en N.S.

            Votre ami et Père

                                                                                             Le Prevost