1095  à M. Caille

Epreuves à Amiens. Départ de MM. Carment et Beldame.

Vaugirard, 21 juin 1866

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            Je vous sais bien bon gré de nous avoir rassurés sur l'état de tous ceux qui vous entourent et sont confiés à vos sollicitudes. Je bénis Dieu avec vous qui vous a tous épargnés jusqu'ici; j'espère qu'il daignera encore montrer sa miséricordieuse protection envers votre maison.

            Je vais faire dire les 9 messes que vous désirez, dont une à N.D. des Victoires, l'autre à N.D. de la Salette.

     Je recommande, de mon côté, à vous et à vos frères, la première communion de nos enfants qui se fera le jeudi 28, jeudi prochain.

            Nous avons pris grande part à l'affliction de notre f. Jean-Marie [Tourniquet]; sa pauvre belle-sœur va rester bien chargée par le fardeau de sa nombreuse famille; Dieu, espérons-le, veillera sur ces orphelins.

            Ne doutez pas de mon bon vouloir en ce qui regarde la visite que je devais vous faire; il m'a été impossible de trouver les moyens de me faire remplacer à Chaville le dimanche. D'une autre part, je craignais de rencontrer quelque embarras du côté de MM. Carment et Joseph [Beldame], dont la position n'était pas encore tranchée. M. Carment m'ayant écrit pour me demander une décision, je lui ai répondu affectueusement, mais en lui conseillant, avec tout notre Conseil, de faire le bien dans le monde, plutôt que de faire de nouveaux essais, sans doute infructueux, pour s'établir dans la vie religieuse. Je pense qu'il s'y résigne, aucune lettre nouvelle de lui ne nous étant venue.

            Pour M. Joseph, où en est-il? Avez-vous réussi à le placer dans quelque établissement, selon ses aptitudes? Je crois, et vos frères qui le voient de près sont, je pense, de cet avis, qu'il ne convient pas à notre Communauté, qu'on n'en ferait ni un religieux, ni un homme vraiment utile aux œuvres.

            Nous sommes entièrement dépourvus d'étoffe d'été pour faire des soutanes; je vous prie de m'en envoyer la quantité nécessaire pour 4 soutanes, une quinzaine de mètres, je pense, aussi solide qu'il se pourra et autant vite que vous le pourrez, à cause de l'avancement de la saison; marquez, je vous prie, en même temps à M. de Lauriston, qui remplace M. Emile [Beauvais], le prix de cet envoi.

            Adieu, mon bien bon ami, les temps sont menaçants, il faut redoubler de prières et nous hâter de faire un peu de bien tant que les voies nous sont libres pour y parvenir.

            Mille tendres affections de tous à vous et à vos frères

            Votre dévoué ami et Père

                                                                                             Le Prevost