1099  à M. Trousseau

 Pénurie de personnel. Fatigue du frère Trousseau. Eviter les allées et venues multipliées.

Vaugirard, 3 juillet 1866

            Mon cher enfant en N.S.,

            M. Laroche, dans une lettre qui s'est croisée avec celle que je vous écrivais ainsi qu'à lui et que vous avez dû recevoir dimanche dernier, me dit que vous êtes très fatigué et que vous avez absolument besoin de prendre du repos. Nous avions pensé, comme je vous l'ai dit, à y pourvoir en envoyant d'abord M. Chaverot, et ensuite M. de Varax. Mais M. Chaverot, qui sort après une année entière de vie contenue et fatigante au Séminaire, avait besoin de quelques jours au moins de détente; et d'ailleurs, il était obligé de faire une apparition dans sa famille qui ne sait encore qu'à demi son entrée en Communauté et qui se résigne bien péniblement à ce sacrifice. Il a donc dû partir pour une quinzaine de jours, ainsi que je vous l'ai marqué. Je viens ici vous demander si votre fatigue est telle que vous ne puissiez attendre sans difficulté réelle le retour de M. Chaverot. Je ne sais qui nous pourrions vous envoyer jusque là, sinon un des jeunes séminaristes d'Issy qui vous serait sans doute peu utile. Si on peut s'épargner les allées et venues multipliées, ce sera assurément beaucoup mieux; je crois qu'elles seraient aussi d'un assez mauvais effet à Arras. Cependant, comme nous ne voulons pas vous mettre en peine intolérable, j'attendrai votre réponse, et je ferai ce que vous me demanderez.

            Adieu, mon bien cher enfant; nous prions beaucoup afin que Dieu et la S^te Vierge vous assistent et vous donnent force pour porter les épreuves de votre situation, comme il est dans les vues de la Sagesse divine que vous les supportiez, mais sans excéder la mesure qu'y veut mettre la bonté miséricordieuse du Seigneur.

            Votre affectionné ami et Père en N.S.

                                                                           Le Prevost

            Mille bons souvenirs à nos ff.