1103  à M. d'Arbois

Intérêt porté à la famille d'Arbois. Aide généreuse aux dépenses de l'œuvre d'Angers. L'épidémie de choléra à Amiens a touché la famille du frère Tourniquet.

Vaugirard, 9 juillet 1866

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            J'ai reçu l'envoi que vous m'avez fait de 200f., représentant un trimestre de la pension que vous fait M. votre père.

            J'ai recommandé à nos frères votre vénérable grand-père et je me suis souvenu moi-même de lui au S^t Sacrifice; vous nous tiendrez au courant des suites de sa maladie; bien que je n'aie jamais vu ce vénéré père, je m'intéresse, ainsi que nos frères, à lui, parce qu'il vous appartient et aussi parce qu'il est un bel exemple d'une carrière honorablement et chrétiennement parcourue.

            Nous suivons des yeux vos entreprises, particulièrement celle de la chapelle de N.D. des Champs, à laquelle M^gr d'Angers nous a paru prendre un intérêt tout particulier; nous espérons que l'initiative aimable prise par les jeunes gens de l'œuvre aura une bonne influence sur les habitants d'Angers et les portera à se montrer aussi, eux, généreux pour votre œuvre. Pour y concourir un peu de notre côté, nous mettons dès à présent à votre disposition les 200f du prochain trimestre de votre pension; si vous préfériez les 200f que vous venez de m'envoyer, je vous les retournerais, mais, si vous n'êtes pas pressé de toucher cet argent, je préférerais vous laisser le prochain trimestre, parce que les embarras causés à la maison d'Arras par la maladie de M. Laroche nous obligent à faire en ce moment quelques sacrifices pour cette œuvre.

            Nous nous préparons à la fête de S^t Vincent de Paul; demain mardi commencera la neuvaine par laquelle nous nous y disposons; nous avons repris aussi, selon l'usage, en lecture, la vie et les vertus de notre saint patron. Si le temps n'est pas absolument mauvais, on fera sa fête à Chaville; voilà déjà la deuxième année que vous n'y aurez pas assisté, à moins que vous ne mettiez à ce moment le petit séjour que vous vous proposez de faire au milieu de nous; M^gr d'Angers ne voyait pas d'impossibilité à ce que vous fussiez remplacé pour une quinzaine de jours, mais ce pourra sans doute être fait plus commodément par vous durant les vacances de la maîtrise ou à la retraite; vous nous direz ce que vous prévoyez à ce sujet.

            Amiens, vous l'aurez appris, est fort éprouvé par le choléra; nos frères sont jusqu'ici personnellement épargnés. M. Jean-Marie [Tourniquet] a perdu un de ses frères et un autre est en ce moment gravement malade; priez pour eux tous. Ici, nous allons comme de coutume, fort chargés de travaux, traînant un peu péniblement notre fardeau financier, mais confiants en Dieu et nous remettant entre ses mains.

            Adieu, mon bien cher ami, croyez à nos tendres sentiments pour vous et assurez aussi nos frères de notre vive affection en N.S.

            Votre ami et Père

                                                                                             Le Prevost

            P. S. Je vous ai dit, je crois, que M^gr et M. Chesnay nous ont assurés qu'on était très content des services de la Communauté à Angers et au Chapitre en particulier; M. Pavie nous a parlé dernièrement dans le même sens; courage donc, puisque Dieu vous aide si visiblement.