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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 1101 - 1200 (1867)
    • 1109  à M. de Varax
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1109  à M. de Varax

Préparatifs de fête. La prière et le travail. Esprit de famille. L'amour de Dieu pour nous. MLP. se réjouit d'apprendre que M. de Varax est traité en religieux.

 

Chaville, 18 juillet [1866]

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            J'ai écrit, comme vous le souhaitiez, à Mgr d'Autun; je pense que c'est bien dans le sens expliqué par l'excellent M. Picard.

            J'ai reçu la lettre et sa charge; il m'a fallu aller à Paris pour la prendre, la poste ayant cette fois oublié qu'un de nos MM. a une autorisation écrite afin de recevoir les lettres à moi destinées, le fardeau heureusement n'était pas lourd à porter.

            Aujourd'hui, veille de la fête de notre saint Patron, la journée est ici plus active que contemplative; hors le jeûne et l'oraison du matin avec la lecture des vertus, on a plus de distraction que de recueillement; mais nous avons un si bon Maître et un si puissant Patron que nous devons néanmoins garder l'espérance que notre fête sera glorieuse pour Dieu, agréable à notre saint Patron. Nous l'avons prié pour avoir du beau temps. Presque toutes les prières ne sont-elles pas intéressées et ne faut-il pas se confondre en admiration de ce que le bon Dieu, dans sa miséricorde, compte néanmoins ces mêmes prières comme louables à ses yeux et méritantes pour nous? C'est une admirable invention de miséricorde; les mères seules, sur la terre, initiées sans doute par la Ste Vierge aux secrets intimes de la divine Bonté, ont parfois de ces inventions; le cœur a son génie comme l'esprit, car l'un et l'autre reçoivent les inspirations du Ciel.

            Je suis loin de la fête. M. Chaverot arrive cette nuit pour n'y pas manquer. M. d'Arbois est ici depuis hier, pour un repos de 15 jours. Plusieurs frères arrivent, au moment où j'écris, pour coucher ici, afin d'être plus frais demain. Cet esprit de famille me touche, car rien de naïf et de primitif comme cette fête où pas l'ombre d'éclat ni de combinaisons un peu attrayantes ne peut convier les gens; mais les cœurs y sont à l'unisson, on fête le Saint Patron, protecteur au Ciel, modèle à imiter sur la terre; et quel Patron! le Père des pauvres, qui a passé comme Jésus en faisant le bien, qui a évangélisé les humbles, aimé les petits, les souffrants, les enfants.

            Comme je suis heureux, cher enfant, qu'on vous ait traité en religieux et qu'on vous ait rappelé que vous l'étiez tout de bon; vous ne l'oublierez pas durant toute cette interminable absence qui va vous tenir trop éloigné de nous; voyez comme la Providence est sage et comme elle prépare maternellement votre viatique, soyez reconnaissant et correspondez fidèlement.

            Adieu, bien cher enfant en N.S., j'ai voulu aujourd'hui faire un peu de fête de St Vincent avec vous, puisque demain nous la ferons sans votre présence sensible. Je vous embrasse tendrement en N.S.

     Mille respects à qui de droit.

                                                                                             Le Prevost

 

            P. S. Samedi prochain, office de l'Immaculée Conception.

            J'essaie de faire votre soutane sans vous, risquant bien qu'elle soit imparfaite; nous vous l'enverrons comme vous nous direz qu'on peut le faire et où il faut l'expédier quand elle sera façonnée.

 

 




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