Questions d'ordre administratif. Fatigue de MLP. Que M.
de Varax se ménage.
Chaville, 6
août 1866
Bien cher ami et fils en N.S.,
Je réponds promptement à votre lettre, pas si vite pourtant que vous le
demandez; j'ai été pris dès mon arrivée ici samedi, et hier, après la messe, je
me suis trouvé si fatigué qu'une sorte de torpeur m'a laissé oublier l'heure de
la poste; pour ne pas la laisser passer aujourd'hui, je réponds ici avec un
extrême laconisme que vous prendrez dans le meilleur sens.
Les démarches que vous demande M. Laroche (renseignement précis pris par moi)
sont sans conséquence et sans lien pour notre liberté. L'Université n'admet
point de remplaçants provisoires; si un instituteur s'absente un peu longuement,
celui qui le supplée doit purement et simplement faire une déclaration, comme
s'il établissait lui-même une institution. De là, le contenu principal de la
lettre de M. Laroche. Je crois, conséquemment, que vous pouvez y accéder sans
nul inconvénient.
Pour ce qui concerne les renseignements concernant la partie de votre famille
qui habiterait l'Artois, je crois qu'elle tend seulement à donner à M. Laroche
un moyen de fournir d'un seul mot une pleine garantie morale à tous, pour ce
qui vous regarde, en indiquant les honorables entourages que vous pouvez avoir
dans le pays même où vous arrivez; répondez toutefois avec la réserve que vous
croirez prudente, sauf à vous en expliquer mieux avec M. Laroche. Je lui sais
d'ailleurs du tact et de la circonspection; c'est peut-être son père, ancien
magistrat dignement posé dans le pays, qui a provoqué cette demande. J'ai votre
diplôme de licencié et votre acte de naissance (c'est bien ce dernier acte
qu'il faut, l'Université n'a cure du baptême, au moins officiellement). Je les
enverrai à M. Laroche dès que vous me donnerez avis à cet effet.
M. Chaverot m'a écrit tout récemment que Mgr d'Arras n'aurait à
écrire à Autun que sur la demande de renseignements de l'Evêque, laquelle
demande n'est pas arrivée, mais qu'il restait pour sa part dans les
dispositions qu'il avait déjà manifestées relativement à votre ordination.
Attendons donc quelque mouvement d'Autun. Vous verrez si vous avez à écrire à
M. Picard, ou s'il vaut mieux attendre simplement. Je vais m'arrêter ici, sauf
à écrire plus au long à quelque prochain courrier. Adieu, bien cher enfant,
soignez votre corps pour le bien de votre âme dont il est le serviteur; tant
qu'il ne l'oublie pas et qu'il demeure humble et soumis, vous pouvez lui faire
quelques concessions, elles ne détruiront pas la subordination.
Tout le monde ici vous assure de ses affectueux et dévoués sentiments, avec un
gémissement senti sur votre absence, bien dure pour tous ceux qui vous voient
peu durant l'année et qui bientôt vont vous voir moins encore.
Votre tout affectionné ami et Père en
N.S. Le Prevost
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