MLP. partage fraternellement quelques nouvelles des
Œuvres et des frères. Sollicitude de santé; détachement des parents.
Chaville, 27 août 1866
Bien cher ami et fils en N.S.,
Je vous écris deux mots un peu hâtivement, mon absence de 15 jours m'ayant
préparé un certain amas de correspondances qu'il faut déblayer à mon retour.
M. Trousseau s'occupe, avec M. Lantiez et M. Laroche, de l'organisation des
services d'Arras; on a trouvé un second jeune professeur et M. Lantiez doit, au
moment convenable, se rendre à Arras pour mettre tout le monde en place;
espérons que tout ira bien, malgré l'insuffisance des moyens. M. Guillot ne m'a
pas écrit jusqu'ici.
Votre bonne mère m'a écrit une lettre aimable et pleine de sollicitude pour
votre santé; elle craint qu'on ne vous laisse pas assez de repos, que vos
vacances ne soient pas assez franches de sujétions et travaux; je lui ai
répondu de mon mieux pour la tranquilliser, l'assurant que nous ferions en
sorte que vous n'ayez guère à porter que la surveillance de la maison d'Arras
dans le nouveau séjour que vous allez bientôt y faire. Je pressens bien qu'elle
ne trouvera pas ainsi une satisfaction entière; un séjour long, prolongé de
votre part à St Etienne eût pu seul la consoler, mais que faire? les
nécessités nous pressent; prions le Seigneur de donner lui-même le contentement
à ces pauvres cœurs que nous sommes impuissants à rassasier.
Tout le monde ici pense à vous; on n'oublie pas, aux prières, de rappeler les
frères absents; nous serons heureux si, en passant, nous avons encore quelques
moments à vivre ensemble.
Je n'ai, depuis bien des jours, aucune nouvelle de M. de Varax. Est-il revenu?
Où en est-il de ses affaires d'ordination? Je l'ignore; si vous le savez,
dites-le moi; je lui écris aujourd'hui à Montcoy; mais il est peut-être encore
en Suisse ou sur les chemins; la lumière se fera avec un peu de patience.
M. Trousseau repartira, je crois, dans deux jours pour Arras; il ne sait encore
si M. Laroche pourra le recevoir aux Baraques; je l'envoie aujourd'hui
chez le médecin pour aviser à fortifier sa tête et ses jambes.
Adieu, bien cher ami, je suis heureux du petit commencement de relations qui
s'est fait entre votre chère famille et nous; j'espère que le Bon Dieu mettra
dans nos âmes une sainte confiance et une charitable union.
Je demeure, dans les Cœurs divins,
Votre tout affectionné ami et Père
Le Prevost
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