1123  à M. de Varax

Diverses nouvelles des Œuvres et des frères. MLP. ne peut s'épancher davantage.

Vaugirard, 6 septembre 1866

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            Votre procuration, dont j'ai annoncé l'envoi à M. Victor [Trousseau], ne lui sera transmise que demain, ayant subi quelques retards par les formalités de la légalisation; tout est en règle, elle partira demain.

            Je ne crois pas qu'il y ait raison suffisante de faire un voyage ici avec la nécessité pour vous de retourner à Autun au moment de l'ordination. Ce serait fatigue et dépense qu'il faut éviter, la fatigue surtout; ce serait bien si, ayant vu votre chère famille à l'aise, vous pouviez ne guère tarder pour votre retour après l'ordination; (le repos nécessaire, si vous êtes fatigué, étant réservé, cela va sans dire). Votre présence à Arras sera grandement désirée et j'aurai encore à vous entretenir avant que vous ne vous y rendiez; vous verrez ce que les circonstances comporteront et vous ferez pour le mieux.

            J'ai grondé M. Henry [Piquet] ce matin, qui a omis, dans la presse de ses travaux, de vous envoyer un croquis pour la petite châsse; c'est oubli involontaire, vous le lui pardonnerez; je lui ai dit qu'il était maintenant trop tard; vous l'excuserez de ce que ces lenteurs ont pu vous causer de contrariété; vous savez qu'il est fort porté de bonne volonté pour vous.

            J'attends M. Chaverot bien prochainement; j'espère qu'il sera bien reposé, quoique ses vacances aient été un peu mouvantes, mais, avec la santé, cette activité fait un bon contrepoids à la vie fermée du séminaire.

            Notre retraite ici commencera le 23 septembre au soir, vous verrez donc nos ff. un peu assemblés; elle sera donnée par le r.p. Bazin, un des Pères les plus éminents de la rue de Sèvres; nous le désirions beaucoup, parce qu'il nous a grandement édifiés dans les précédents exercices qu'il a déjà dirigés chez nous. La retraite ne m'empêchera pas de vous voir, parce que le r.p. Bazin occupera assez son monde pour que j'aie plus de liberté que dans les retraites un peu froides et languissantes; vous n'en prendrez vous-même de cette retraite que ce qui sera bien pour votre état et pour ce que vous avez à faire d'autre part.

            Notre jeune Boiry a demandé à passer une année comme f. laïc, disposé à rester tel, s'il ne se trouve pas inspiré et conseillé, à la fin de cette épreuve, de reprendre ses cours pour le séminaire. Il est à Vaugirard, sacristain, surveillant, etc. et paraît joyeux et plein d'espérance, le mouvement semble lui avoir été nécessaire et le remettre en équilibre. Dieu soit béni, c'est à Lui à mettre ses serviteurs là et comme Il les veut.

            Deux jeunes persévérants latinistes iront ces jours-ci à Chaville: l'un de Metz [Philippe Juckem], l'autre d'Arras [Léon Escouté]. M. Risse amène le premier, M. Victor amènera celui d'Arras, si M. Laroche ne peut le prendre (M. Victor) avec lui au bord de la mer.

            Un jeune homme [Oscar Rinquet], qui semble assez bien, fait depuis deux jours son essai à Vaugirard.

            Si le style décousu et bref vous convient, vous êtes ici servi à souhait. Si je n'écris en hâte, je ne puis écrire du tout en ce moment, ayant beaucoup à correspondre; vous saurez bien, sous la brusquerie forcée, trouver la tendre affection et la confiante ouverture du père et de l'ami; quand on s'entend, toute langue est bonne, même le silence qui est une langue aussi et que le cœur comprend.

            Adieu, bien cher ami, mille affections de tous nos frères, vous vous unirez à nous dans l'aimable fête de la Nativité; nous serons avec vous dans la touchante solennité de votre ordination.

            Votre ami et Père en J. et M.

                                                                                             Le Prevost