1147  à M. de Varax

Vie des Œuvres. Comment inciter l'abbé Laroche à aider l'Institut.

Vaugirard, 17 novembre 1866

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            Je ne puis vous écrire que deux mots aujourd'hui. Je vais écrire tout de suite à Orléans, mais en demandant simplement le dimissoire pour M. Victor [Trousseau], sans préciser le moment où on lui conférera les ordres mineurs. Il me semble qu'il faut, sur la date de cette ordination, laisser faire entièrement MM. de l'Evêché d'Arras sans les presser aucunement, de peur de paraître apporter en nos actes de la précipitation, même quand rien ne la rend nécessaire.

            M. Lantiez a vu un jeune instituteur qui nous est présenté par l'Ecole Normale des Frères, âgé de 23 ans, déjà en fonctions comme instituteur-adjoint, ayant son brevet, pieux, garanti par les Frères, bonne tenue; il viendra nous voir jeudi; il vous coûtera 500f. .C'est beaucoup pour vous, mais il ne faut pas hésiter, s'il est aussi bien qu'on le dit; le bon Dieu saura bien vous trouver 200f. de plus que vous n'aviez compté.

            Il faut ne point céder sans lutte à M. Laroche pour sa subvention et en obtenir au moins moitié, si on ne peut avoir le tout, et tâcher aussi qu'il se charge des 600f. dus à M. son père. Lui dire: il est à ma connaissance que, l'an dernier, huit villes des plus importantes demandaient ensemble des frères à la Communauté pour des œuvres bien assises, avec locaux et ressources garanties; serait-il bien à vous d'avoir engagé notre Communauté dans une œuvre moindre à tous égards, en lui promettant des ressources qui bientôt lui seraient retirées, et avec des appuis qui viendraient aussi à lui faire défaut? Ne serait-il pas à craindre que la Congrégation, jusqu'ici sans nulle obligation, ne se retirât d'une position si peu tenable et si peu encourageante?

            Quand M. Lantiez ou moi irons à Arras, nous examinerons ensemble quels moyens on pourrait avoir d'équilibrer vos recettes et vos dépenses; il serait désirable que ces moyens fussent, en ensemble, fournis par le pays, car une œuvre qui n'a pas sa subsistance dans le sol n'a guère de racines solides.

            Pour les 2.761,55 que vous attendez de Lyon, je crois, comme vous, qu'il faut me mettre en dehors des faits financiers, peut-être même aussi Vaugirard; je pense donc qu'il serait bien de les adresser à M. Abel du Garreau, Passage Landrieu n° 9, que j'avertirai à cette fin. Si ces fonds sont capital, je les remettrai à M. Lantiez, notaire; si revenu, j'en réglerai l'emploi de concert avec vous et n'en disposerai pas autrement.

     J'ai trouvé les diaconales à la bibliothèque; j'ai quelque répugnance à les envoyer par la poste ou par chemin de fer, ce livre ne doit pas être égaré; si pourtant vous n'en trouvez pas aisément au séminaire d'Arras, dites ce que vous désirez et je le ferai.

            Adieu, mon cher enfant, c'est samedi; je vous embrasse en hâte, mais bien tendrement en J. et M., avec tous vos frères.

                                                                                             Le Prevost