Souhaits de nouvel an. Promesse d'envoyer un père de
l'Institut pour donner à la
Communauté d'Amiens "une assiette
plus soutenue et bien régulière". A la suite de la Saint-Jean,
représentation du Mystère de St Tharsice.
Vaugirard, 4
janvier 1867
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
Je saisis le premier moment libre après qu'ont fini les tumultueux mouvements
du nouvel an, et je vous écris deux mots d'affection et de bon souvenir. Je
voudrais écrire à tous nos frères qui m'ont envoyé, comme vous, de bonnes et
aimables lettres, mais je n'arriverais pas à les mettre à fin en ce moment, à
cause du surcroît d'occupations que nous apporte cette époque de la saison.
Qu'ils soient au moins bien assurés que je songe à eux constamment, que tous
leurs besoins spirituels surtout sont l'objet de mes sollicitudes et que ce
sera un bonheur pour moi si j'arrive, comme je le souhaite, à y donner
satisfaction. Il me semble que vous auriez tous à un plus haut degré
une assiette régulière et plus soutenue si vous aviez un prêtre de la Communauté pour tous
vos services quotidiens de la chapelle et pour vos propres exercices; j'y pense
souvent et, dès que j'aurai le moyen d'y pourvoir, je le ferai avec
empressement; ce qu'on cherche avec persistance, on l'obtient bien communément;
espérons et attendons tout de la bonté de Dieu.
Nous avons bien regretté, mon bon ami, de ne pas vous voir à la fête de la St-Jean, nous avions un
peu compté sur votre visite; la réunion était nombreuse et tout s'est passé
aimablement. M. le Curé de Bonne-Nouvelle [M. l'abbé Millaut] y a parlé le soir
délicieusement et a laissé à tous une douce et édifiante impression.
La soirée seulement s'est terminée trop tard; je l'ai regretté, parce que je
recommande à toutes nos œuvres de ne pas renvoyer leurs jeunes gens à des
heures trop tardives; cette circonstance a tenu au choix de la représentation
qui était le drame de St Tharsice et qui, étant joué par les jeunes
ouvriers de Nazareth, ne pouvait commencer de bonne heure. A cela près, elle a
fort bien réussi; ce genre de pièce est plus moral et plus avantageux pour le
bien que les plaisanteries souvent plus que futiles; elle a été très
généralement goûtée.
Donnez-nous de vos nouvelles et de celles de vos frères; M. Marcaire est-il
remis de sa fatigue? M. Hubert bien au fait de ses emplois? Je sais qu'il s'y
met de tout cœur. M. Jouin est, je l'espère, bien accoutumé. Adieu, bien chers
amis, je resterais volontiers longtemps à converser avec vous; être en famille
et en famille spirituelle, c'est une grande joie; je la goûte profondément quand
je suis au milieu de vous. Je vous embrasse tous tendrement en J. et M.
Votre ami et Père tout affectionné
Le Prevost
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