Demande de consultation pour le frère Charrin.
Vaugirard, 10
janvier 1867
Bien cher Monsieur,
Je viens, dès ce commencement d'année, demander encore le secours de vos
conseils; mais, avant tout, je veux vous offrir tous mes vœux pour vous et pour
votre chère famille, et vous exprimer en même temps notre vive reconnaissance
pour tous les bons offices et marques d'intérêt que notre famille religieuse a
reçus de vous depuis bien longtemps déjà. Nous espérons que Dieu vous en
tiendra compte en bénissant vous et tout ce qui vous est cher.
Je vous prie d'avoir la bonté d'examiner l'état du bon et pieux frère
[M.Charrin] que j'envoie vers vous, et de me dire votre avis sur ce que sa
santé exige.
Il a, tous les hivers, des rhumes qui durent plusieurs mois de suite, le
moindre froid les renouvelle; toute l'année, il crache fréquemment (des eaux
autant qu'il me paraît plutôt qu'autre chose), et il revient souvent à
l'infirmerie pour ces faiblesses de poitrine.
Cependant, par suite des besoins de nos œuvres, nous avons dû lui donner un
poste très fatigant; il doit, par tous les temps et par toutes les saisons,
aller trois ou quatre fois par semaine de Vaugirard à Charonne, faire des
placements d'apprentis et des surveillances dans les ateliers; les dimanches et
fêtes, il a la discipline et conduite, depuis le matin jusqu'au soir, de 350
apprentis et jeunes ouvriers dont il doit diriger tous les mouvements. Un
pareil emploi est nécessairement pour lui très fatigant et demande un grand déploiement
de la voix presque tout le jour.
Je désirerais que vous ayez la bonté de l'ausculter et de bien vous rendre
compte de son état et de ses puissances physiques, afin que nous sachions si
nous pouvons, en conscience et sans abuser de ses forces, le maintenir dans son
emploi. L'en retirer sera pour nous une gêne et l'occasion peut-être de
quelques embarras, mais, puisqu'il s'est remis en confiance entre nos mains,
nous aurons à rendre compte à Dieu de l'usage que nous aurons fait de ce généreux
abandon. C'est pourquoi, cher Monsieur, je recours à vos lumières pour agir en
connaissance de cause.
Agréez, je vous prie, tous mes sentiments affectueux et bien dévoués en N.S.
Votre serviteur et ami
Le Prevost ptre
Monsieur l'abbé,
L'ensemble est bon, mais il y a un point douteux du côté gauche au sommet du
poumon, et il serait possible que ce jeune homme commence une
maladie de poitrine.
Dans ces circonstances, il est nécessaire de suspendre toute détermination
définitive; qu'il continue son service et renvoyez-le moi dans 15 jours.
Recevez, Monsieur l'abbé, l'assurance de mon respectueux attachement.
Dr Jousset
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