1248  à M. d'Arbois

Retraite prêchée par le père Olivaint. Appréciations sur certains frères et la façon dont il convient de les traiter.

Vaugirard, 28 octobre 1867

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            Nos deux ff. Boiry et Moutier vous ont dit déjà combien notre retraite a été aimable et édifiante; le r.p. Olivaint a réjoui et fortifié nos âmes en les nourrissant des plus solides et des plus consolantes vérités. Je crois que personne n'a échappé aux précieux effets de son zèle. Les deux frères qui vous arrivent, en particulier, sont parfaitement disposés; M. Boiry pourra, je crois, vous être très utile; il est intelligent, actif et plus instruit qu'il n'est nécessaire pour les emplois qu'il devra remplir. S'il lui restait quelque loisir, il serait désirable qu'il fît quelques lectures instructives, afin que son esprit se soutienne et revienne aux études quand le moment arrivera pour lui, comme nous y comptons, de reprendre ses cours du séminaire momentanément interrompus. M. Lantiez, qui le dirigeait, vous adressera à son sujet une petite note, afin de vous aider dans vos rapports avec lui. Il est d'un caractère doux, affectueux, docile; mais parfois, rarement, sujet aux découragements; votre bienveillante sollicitude le soutiendra.

            Pour M. Moutier, il m'a paru simple et ouvert dans ses quelques entretiens avec moi; il reconnaît ses défauts et désire s'en corriger; il vous aime et désire vous aider mieux; il me dit qu'ayant été un peu gâté par les tendresses de M. Hello, de M. Maignen, et peut-être aussi parfois par les miennes, il vous trouve un peu froid et réservé avec lui; qu'un peu de cordial encouragement de votre part le gagnerait tout à fait et le mettrait dans votre main. Essayez: cet enfant a besoin, en effet, d'un peu du lait des consolations affectueuses; vous saurez bien les trouver en votre cœur pour lui. Il vante votre patience et votre longanimité, il attend quelque dilection qui achèvera de le contenter.

            Je n'ai, non plus que nos frères du Conseil, trouvé aucun sujet qui puisse mieux vous convenir que M. Guillot; nous avons donc renoncé pour le moment à rendre M. Léon [Guichard] à M. Caille. M. de Varax, qui est maintenant à Amiens, étudiera les besoins de cette maison et nous dira ses vues sur les moyens d'y satisfaire.

            Adieu, bien cher ami, nous avons beaucoup prié pendant la retraite pour les frères qui gardaient les maisons; nous espérons bien que vous aurez eu, avec nos ff. Jean [Gauffriau] et Léon, une bonne part de ses fruits.

            Embrassez pour nous tous vos frères, et partagez avec eux tous nos tendres dévouements en J. et M.

            Votre ami et Père

                                                                                                Le Prevost